Vino, musica e gastronomía

Immersion dans la culture italienne… à Québec

Un jour, j'irai là-bas... Photo: Barone Ricasoli, Italie.

Un jour, j’irai là-bas… Barone Ricasoli, Italie.

Il faut que je vous confie quelque chose. Je viens de la classe moyenne ouvrière. Élevée au Lac–Saint-Jean, ayant fréquenté l’école publique puis ayant travaillé dur pendant toutes mes études pour payer ma scolarité (j’ai même dû recourir aux banques alimentaires à certains moments, eh oui), je vous jure que RIEN n’aurait pu laisser présager le mode de vie qui est maintenant le mien.

Si on m’avait dit qu’un jour, mes activités professionnelles me vaudraient autant de beaux moments, charmantes invitations et rencontres fascinantes, je ne l’aurais pas cru!

Je mesure donc pleinement ma «chance»: c’est un privilège que j’apprécie énormément. Et j’ai envie de vous partager deux expériences récentes qui m’ont fait particulièrement plaisir puisqu’elles m’ont permis de plonger dans la culture italienne.

Par souci de transparence – et aussi pour «rendre à César ce qui lui revient» – je précise que ces invitations m’ont été faites par l’entremise de l’agence de communication BROUILLARD. Merci!

Ricasoli, les siècles et les siècles, amen

Le 17 février, le restaurant le 47e Parallèle, en association avec la Société de vins fins, accueillait une centaine de convives pour prendre à une soirée de dégustation commentée. Le repas, élaboré par le chef Joseph Sarrazin, était créé pour être en accord parfait avec les vins de la maison Barone Ricasoli.

La soirée a débuté avec des mises en bouche de calmars, crevettes et arancini, servie avec le lumineux Albia rosé 2014. Nous avons ensuite pris place à table pour se régaler d’une trilogie de tartares et d’un verre de Brolio Bianco 2013. Les entrées chaudes ont suivi: boudin noir, canard confit et ris de veau croustillant ont fait merveille avec le Chianti del Barone 2013! Le baron Francesco Ricasoli s’est ensuite adressé aux convives pour parler de son domaine et de ses vins, dans un français chantant fortement teinté d’accent italien.

cferland-trilogie-47e-entreesAprès un petit granité à la grappa en guise d’entremets, mes compagnes de table et moi (toutes issues des médias gourmands et de l’événementiel) avons été invitées à visiter les cuisines, où le chef et sa brigade complétaient le montage du plat principal. Nous avons pu «savourer visuellement» (avant d’y mettre réellement la fourchette) les médaillons de bison servis sur galettes de patate douce et Monterey Jack avec sauce au whisky, ainsi que les parts de braisé de bœuf avec sauté de pleurotes noirs avec réduction au vin rouge, lard salé et huile de noisette.

Deux vins ont alors été servis, pour permettre une dégustation comparative: le Chianti Classico Brolio 2013 et le Chianti Classico Gran Selezione Castello di Brolio 2011. De somptueuses interprétations du sangiovese, le cépage «noble» qui fonde le Chianti.

Mais le pinacle gustatif a été atteint quand j’ai goûté à un Chianti 1957. Comment dire… On goûte les années, le travail du vin à travers des générations de vignerons, le raisin qui a muri au soleil il y a près de dix décennies… Des arômes déroutants, qui évoquent le sous-bois, le fromage vieilli… Un voyage dans le temps dans mon verre! Encore renversée de cette expérience, un second privilège m’a été offert: celui d’un tête-à-tête avec le signore Francesco, 32e baron Ricasoli!

C’est ainsi que je me suis retrouvée à discuter pendant une quinzaine de minutes avec un authentique baron italien! Pincez-moi, quelqu’un. Pour une ancienne duchesse (de la Revengeance), c’est plutôt piquant comme situation, non? 😀

Le château Brolio et le domaine se situent en Toscane, entre Sienne et Florence. Figurez-vous que le premier Ricasoli s’y est établi en 1141! Ouah, presque 900 ans: mon émotion d’historienne est à son comble. Le baron m’explique que son aïeul, Bettino Ricasoli, a établi les canons du chianti en 1872 en fixant les proportions de cépages, créant ainsi cet élégant fleuron de l’Italie viticole. Le château familial a connu des années magiques entre 1920 et 1940, puis quelques décennies de gestion plus lâche ont passé bien près de mener à la faillite. En 1993, Francesco Ricasoli a repris les affaires en mains. Il a redressé la situation et a redonné au domaine ses lettres de noblesse, travaillant dans le respect de la tradition (il est très fier de son héritage) mais en y faisant entrer la modernité.
cferland-dessert-47e
La soirée s’est conclue sur un fondant de chocolat noir accompagné d’un verre de Santo del Chianti Classico 2007, un liquoreux moelleux à souhait. C’est décidé, je veux aller en Italie visiter le Castello di Brolio!!!

Viva la musica… à la Trattoria La Scala

cferland-scala-1L’Italie est un important berceau de civilisation. On y a vu éclore ou se développer bien des éléments culturels qui sont, encore de nos jours, largement valorisés et admirés: les arts (pensons aux peintures, fresques, mosaïques, sculptures, …), les sciences et mathématiques, mais aussi la gastronomie et l’opéra. C’est à ces deux derniers éléments que je veux m’attarder ici, puisqu’ils sont au cœur d’un très beau concept offert à Québec: les soupers-opéras de la Trattoria La Scala.
À noter que les splendides photos de cette sections sont toutes de Marc-Éric Baillargeon, pour Les Festifs. J’étais bien trop occupée à profiter de la soirée pour sortir mon propre appareil! 😉
Offerts une fois par mois, La Scala propose aux amoureux des belles choses ce combo art lyrique/bonne bouffe sous forme de quatre «tableaux» auxquels correspondent des services. En excellente compagnie, j’ai donc pu découvrir le concept par moi-même le 28 février dernier.
En entrée, nous avons eu droit à un carpaccio de bœuf avec pesto maison, réduction de balsamique et copeaux de parmesan. Une valeur sûre qui plaît toujours. Les raviolis maison farcis au veau, en sauce au poireaux, suivis d’une onctueuse crème de panais et poire, ont bien failli nous sustenter totalement. Heureusement, un petit granité canneberge et romarin a accordé une pause rafraîchissante à nos estomac… en attendant la suite!
cferland-scala-2
Le plat principal était constitué d’un trio : médaillon de bœuf, paillard de poulet au citron et tilapia en sauce vierge. Une bavaroise au Cointreau et des boissons chaudes ont été proposées pour conclure.
Mais, rappelez-vous, toutes ces délicieuses choses étaient servies en alternance avec les blocs de chant!
Bien sûr, l’opéra est au premier plan (Mozart, Bizet, Pucini, Massenet, Verdi) mais aussi l’opérette (Offenbach, Strauss) et même le répertoire issu de la comédie musicale et du cinéma. Les artistes se déplacent dans la salle à manger, circulant parmi les convives et créant de beaux moments de complicité. Plusieurs duos créent une émotion palpable. Tout est en place pour passer un excellent moment! Il faut souligner le beau travail d’organisation et de supervision de la soprano Émilie Baillargeon, qui sait s’entourer de chanteurs et de musiciens (tant chevronnés qu’issus de la relève) afin de proposer ce riche registre. J’ai vraiment passé une agréable soirée: il me tarde d’y retourner!
cferland-scala-3(Oui, c’est bien mon amoureux Dave au premier plan, à gauche. Hi hi!)
*
Vous le savez, on dit souvent qu’il faut profiter pleinement des belles choses de la vie. Si un voyage en Italie est actuellement hors de mes moyens et des vôtres, ces escapades gourmandes et artistiques procurent un ravissement des sens qui fait du bien à l’âme. Je vous souhaite de bien belles occasions, à vous aussi!

Bises.

Catherine

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire de l’alcool et de la gastronomie et, plus largement, d’histoire culturelle du Québec. Elle participe régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de faire des conférences aux quatre coins du Québec. Parmi ses ouvrages, mentionnons Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France (Septentrion, 2010) et La Corriveau, de l’histoire à la légende (Septentrion, 2014), gagnant du Prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2015 et finaliste aux Prix littéraires du gouverneur général 2014 ainsi qu’au Prix Jean-Éthier-Blais 2015.  Elle blogue au catherineferlandhistorienne.com et signe des critiques culinaires au journal Le Devoir depuis 2012.

Déguster et commenter le vin : depuis quand?

Un plaisir ancien toujours renouvelé

Cours d'oenologie à Montréal, 1959.

Cours d’oenologie à Montréal, 1959.

À l’occasion de la sortie du guide du vin Le Lapeyrie 2016, j’ai décidé de répondre à une question qu’on me pose fréquemment: depuis quand fait-on des dégustations de vin?

S’agit-il d’une activité aussi vieille que le vin lui-même? À quand remontent les premiers guides du vin? Et comment un passionné du vin comme Philippe Lapeyrie a-t-il procédé pour réaliser le sien?

Je vous ai donc – avec entrain et amour, comme toujours! – concocté ce qui suit.

Des vignes, des hommes… et des experts

Procès-verbal de dégustation du vin de Saintonge, Québec, 25 septembre 1728.

Première page du procès-verbal d’une dégustation de vin de Saintonge, Québec, 25 septembre 1728.

J’en ai déjà parlé ici, le vin est une boisson ancienne. L’appréciation des qualités et vertus du jus de la vigne  a sans doute commencé il y a fort longtemps… bien avant qu’il ne vienne à l’idée de quelqu’un d’écrire un guide à son sujet! 🙂

Les premières «dégustations» dûment décrites étaient d’abord et avant tout des actes commerciaux: il s’agissait de vérifier si la marchandise était suffisamment bonne pour avoir une valeur marchande. J’ai d’ailleurs trouvé cette très intéressante archive (image ci-contre) où l’on rend compte de la qualité du vin saintongeais reçu à Québec en 1728. Après dégustation par quelques marchands et commis du Domaine d’Occident, ce vin fut trouvé «d’une verdeur si piquante» qu’on estimait qu’il deviendrait aigre en quelques semaines!

Traité sur le vin, 1824.

Traité sur le vin, 1824.

Il fallait donc sortir des considérations purement commerciales pour entrer dans la sphère gastronomique en offrant des descriptions précises des vins. Le pas fut franchi progressivement au 19e siècle, alors qu’on commence à voir apparaître des traités sur le vin. Mais il s’agit souvent d’ouvrages axés sur la production, remplis de conseils d’agronomie à la fine pointe des connaissances d’alors…

L’expertise a cependant commencé à se construire, ce qui a permis à l’œnologie de se définir et au métier de sommelier de se structurer. Pour vous donner une petite idée, malgré une très longue tradition vinicole, ce n’est qu’en 1955 que le titre d’œnologue a été reconnu en France!

Du vin pour tous

Jusqu’aux années 1980, la littérature sur le vin s’adressait surtout aux professionnels de cette industrie. Pour Monsieur et Madame tout-le-monde, il pouvait être assez difficile de s’y retrouver et de faire les bons choix, surtout avec l’apparition des vins du Nouveau Monde (Chili, Australie, Californie, Canada, etc.) qui est venu accroître la variété des bouteilles disponibles à la Société des alcools du Québec!

Élèves de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie, Montréal, 1973.

Élèves de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie, Montréal, 1973.

Au Québec, c’est à Michel Phaneuf que l’on doit le premier guide du vin, en 1981. Le sommelier bien connu y décrivait alors 500 vins disponibles au Québec. Le Guide Phaneuf du vin est ensuite paru annuellement, permettant ainsi à de nombreux Québécois de s’initier à la dégustation en identifiant les produits qui méritaient leur attention. Notons aussi le Guide Hachette des Vins, qui célèbre ses 30 ans cette année, fruit de la collaboration d’une équipe de rédacteurs et de collaborateurs.

On voit donc que les ouvrages consacrés au vin et à sa dégustation, tout comme le métier de sommelier et la science œnologique, sont très récents dans l’histoire humaine – et dans l’histoire québécoise! Ce qui, bien sûr, n’a pas empêché des générations et des générations de buveurs d’apprécier le vin par eux-mêmes.

Le Lapeyrie nouveau est arrivé!

Le Lapeyrie 2016

Le Lapeyrie 2016

Suivant les pas des Phaneuf, Chartier, Aubry et autres, Philippe Lapeyrie présentait cette année son 5e guide du vin. Réalisé en collaboration avec Mathieu Saint-Amour, Mario Landry, Jean-François Pelletier et Pascale Labrecque, Le Lapeyrie 2016 a été lancé en grande pompe à La Nef, à Québec, le mardi 13 octobre dernier. Se disant lui-même surpris du succès remporté par ses livres, Philippe Lapeyrie n’a pas lésiné sur les moyens afin de produire un guide accessible, pratique et sympathique. Pour réaliser un livre de ce genre, son équipe et lui ont goûté à pas moins de 2000 vins entre janvier et août!

En 5 ans à peine, le sommelier et chroniqueur observe que beaucoup de choses ont changé au Québec. Ainsi, l’offre de la SAQ est en transition, proposant moins de vins abordables et davantage de produits commerciaux, surfant sur l’engouement populaire. Saviez-vous que les vins espagnols représentent pratiquement 10% des ventes?

Philippe remarque que d’excellents vins issus de cépages comme le syrah et la grenache se démarquent en ce moment. Les jeunes vignerons bios qui produisent des vins nature sont aussi dans sa mire : ce n’est pas un hasard s’ils sont très présents dans son livre.

Le sommelier du peuple

Mais au fait, qu’est-ce qui oriente les choix d’un sommelier lorsque vient le temps de sélectionner les vins qui apparaissent dans un tel guide?

Pour Philippe Lapeyrie, la démarche repose sur l’honnêteté, aussi ne propose-t-il que des bouteilles qu’il boirait lui-même avec sa blonde et ses amis. «Est-ce que ça me plait? Est-ce que j’en prendrais 2-3 verres en famille?» L’ouvrage reflète nécessairement ses goûts personnels. Si ses vins favoris comportent très peu de sucres résiduels, il souligne que nombre de personnes qui s’initient au vin recherchent au contraire le sucre et les notes de vanille, de noix de coco… ce qui est normal. Mais, estime-t-il, un palais plus habitué recherchera souvent davantage de subtilité. Sa sélection tient compte de cet éventail de possibilités.

Philippe Lapeyrie et Catherine Ferland au lancement du Lapeyrie 2016 à Québec

Philippe Lapeyrie et Catherine Ferland au lancement du Lapeyrie 2016 à Québec

Il refuse pourtant toute publicité (malgré les offres alléchantes qu’il reçoit) car son guide se veut un ouvrage indépendant, impartial. Aucune «tape dans le dos» ou mention d’un vignoble s’il n’est pas convaincu de la qualité et du bonheur que vous trouverez dans votre verre. Il ne «poussera» jamais bouteille qui n’en vaut pas la peine! C’est cette approche qui, croit-il, explique la popularité de son travail.

Et c’est sans gêne aucune qu’il a mis l’accent sur plusieurs produits québécois puisque, après 35 ans de viticulture, nos vignerons réalisent de magnifiques bouteilles en travaillant avec les terroirs, les cépages les qualités qui nous sont propres. Dans le Lapeyrie 2016 se trouvent donc des «Top 10» des vins blancs, des vins rouges et aussi des cidres du Québec. Philippe parle avec enthousiasme du Domaine Les Pervenches, qui produit un chardonnay splendide en biodynamie… disponible uniquement au vignoble pour le moment.

Dernier truc de notre aimable sommelier. Un vin doit être servi à 10 degrés pour les blancs et à 16 pour les rouges, puisque le froid a tendance à masquer les éventuels défauts mais aussi les subtilités du vin. Ainsi mis à nu, il vous révélera son âme.

Bises.

Catherine

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire de l’alcool et de la gastronomie et, plus largement, d’histoire culturelle du Québec. Elle participe régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de faire des conférences aux quatre coins du Québec. Parmi ses ouvrages, mentionnons Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France (Septentrion, 2010) et La Corriveau, de l’histoire à la légende (Septentrion, 2014), gagnant du Prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2015 et finaliste aux Prix littéraires du gouverneur général 2014 ainsi qu’au Prix Jean-Éthier-Blais 2015.  Elle blogue au catherineferlandhistorienne.com et signe des critiques culinaires au journal Le Devoir depuis 2012.

 

12 suggestions de livres québécois… en histoire gourmande!

«Nourrir» son intérêt pour le passé gastronomique du Québec

cferland-livres-gourmandsBon, je fais vite. J’ai des millions de choses à faire, comme chacun de nous en ce monde. Mais j’aime beaucoup le 12 août et sa sympathique injonction «J’achète un livre québécois». Étant spécialiste d’histoire gourmande, j’y vais donc de mon propre palmarès des ouvrages qui vous permettront (oui, oui!) d’en apprendre plus sur les aliments ainsi que sur les manières de boire et manger des Québécois… avec bien sûr une insistance sur ma période fétiche, la Nouvelle-France. Bonne lecture!

  1. Martin Fournier, Jardins et potagers de la Nouvelle-France. Joie de vivre et patrimoine culinaire. Québec, Septentrion, 2004, 246 pages.
  2. Jean-Marie Francoeur, Genèse de la cuisine québécoise, à travers ses grandes et ses petites histoires. Montréal, Fides, 2011, 608 pages.
  3. Hélène-Andrée Bizier, Le menu quotidien en Nouvelle-France. Montréal, Art global, 2005, 125 pages.
  4. Julie Perreault, Les vins du Québec. Vignobles, vignerons et vins d’ici. Montréal, Transcontinental, 2009. (Difficile à trouver en librairie mais possiblement disponible à votre bibliothèque locale)
  5. Yvon Desloges, À table en Nouvelle-France. Alimentation populaire, gastronomie et traditions alimentaires dans la vallée laurentienne avant l’avènement des restaurants. Québec, Septentrion, 2009, 240 pages.
  6. Normand Cazelais, Boire et déboires. Histoires d’alcool au Québec. Montréal, Transcontinental, 2014, 184 pages.
  7. Paul-Louis Martin, Les fruits du Québec. Histoire et traditions des douceurs de la table. Québec, Septentrion, 2002, 224 pages.
  8. Bernard Audet, Se nourrir au quotidien en Nouvelle-France. Québec, Éditions GID, 2001, 368 pages.Sylvain Daignault, Histoire de la bière au Québec. Montréal, Broquet, 2006, 182 pages.
  9. Vincent Parisien, Le bec sucré. Panorama d’une passion québécoise. Montréal, Héliotrope, 2013, 224 pages.
  10. Michel Lambert, Histoire de la cuisine familiale du Québec – Volume 4 : La plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle. Québec, Éditions GID, 2012, 1104 pages.
  11. Jacques Dorion, Les terroirs du Québec. Montréal, Trécarré, 2003, 446 pages. (Épuisé, mais tentez votre chance à la bibliothèque)

Je me suis limitée à douze titres pour respecter le «nombre concept», mais la liste aurait facilement pu doubler. Je me reprendrai l’an prochain, tiens! Et comme j’ai résisté à l’envie de ploguer mes propres écrits à même cette énumération, je me permets de le faire ici. Ah ah ah!

Et je vous promets pour très bientôt la suite de mes fameux «commandements» de l’historien, dont vous avez tant apprécié la première partie.

Bises.

Catherine

Catherine Ferland est historienne, auteure et conférencière. Depuis 15 ans, ses thématiques de prédilection – histoire de l’alimentation, des boissons alcooliques, des petits produits «plaisir» et de la culture en général – lui donnent la chance de participer régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de l’amener à faire des conférences aux quatre coins du Québec.

Devenir historien en 7 étapes (première partie)

… ou comment tirer son épingle du jeu en contexte chaotique

Il y a maintenant plus d’un an que j’ai décidé de créer mon entreprise et de travailler à mon compte comme historienne professionnelle. En ces temps sombres où, presque tous les jours, de nouvelles coupes/compressions/austérisations nous tombent dessus, je m’en sors plutôt bien. Pourquoi? J’essaie de de comprendre. Je réfléchis à ce qui, en 2015, constitue le métier d’historien. Quel est le devoir de l’historien? Quelles sont les caractéristiques qui le définissent? Comment identifier les attitudes à adopter et les pièges à éviter? Voici le résultat de mon remue-méninges… sous forme de sept «commandements» ou préceptes. Sans prétention, pour le plaisir… et, surtout, pour vous amener à poursuivre la réflexion!

1) Une spécialité tu développeras afin d’être reconnu comme un expert

cferland-colloque-100ans-10J’aime bien établir un parallèle entre l’histoire et la médecine. Vous le savez déjà, il existe de nombreuses spécialités en médecine. En cas de problème aux oreilles, vous vous tournerez naturellement vers un oto-rhino-laryngologiste (ORL) car son titre vous informe qu’il a longtemps étudié pour acquérir cette expertise pointue. Personne ne songerait à consulter un ORL pour une verrue plantaire, n’est-ce pas! D’une manière analogue, une personne qui veut développer sa crédibilité comme historien doit préférablement choisir une spécialisation et y consacrer suffisamment de temps pour devenir un expert et se démarquer. Comme cela, c’est à VOUS qu’on pensera lorsqu’on aura besoin d’un point de vue historien sur une question précise.

Il existe plusieurs stratégies pour vous positionner comme expert. Cela peut être au moyen d’articles dans des publications à large diffusion (je pense à l’excellente revue Cap-aux-Diamants), de conférences publiques ou d’interventions dans divers événements. Bien sûr, la réalisation d’une maîtrise (et même d’un doctorat) peut s’avérer un atout car cela démontre votre «sérieux» en plus de vous donner du matériel pour publier et donner des conférences dans des bibliothèques, des sociétés d’histoire et ailleurs.

cferland-jmlebel-tresors-capitaleCe qu’il faut comprendre, c’est que tous les moyens que vous choisirez auront une influence les uns sur les autres, contribuant à construire votre crédibilité comme historien. Et à vous donner du travail! Commencez simplement. L’article que vous avez publié vous donnera une occasion de passer à la radio, ce qui vous vaudra une invitation à faire une conférence, au cours de laquelle vous jaserez avec quelqu’un qui vous proposera un petit contrat, qui vous amènera ensuite à préparer un nouvel article, etc. Il s’agit ici de synergie. Ce faisant, votre nom circulera de plus en plus comme étant un spécialiste de ces questions. Bien sûr, avant d’avoir la renommée d’un Jean Provencher, d’un Jean-Marie Lebel ou d’un Jacques Lacoursière, vous devrez travailler fort… mais ça viendra!

2) Les occasions de réseautage tu rechercheras activement

Le Rat de bibliothèqueLes historiens ont parfois une petite tendance asociale. On ne se le cachera pas: si quelques-uns développent des habiletés de communication  – j’élaborerai au point 6… dans la suite de ce billet –, on retrouve beaucoup de chercheurs en histoire qui sont beaucoup plus à leur aise lorsque cachés derrière leur écran d’ordinateur, leur(s) pile(s) de livres(sss) menaçant de s’écrouler sur leur clavier! Le cliché du «rat de bibliothèque» a un petit fond de vérité.

Or, si vous souhaitez faire votre place dans le milieu des historiens, il vous faudra sortir un peu et construire votre réseau professionnel. Les mandats et contrats n’apparaitront pas comme par magie. Si on ne sait pas que vous existez, on ne pourra pas penser à vous. Pas besoin de prendre un abonnement dispendieux dans un club de golf: quand on y songe, les occasions de réseautage (sociales, institutionnelles, professionnelles, etc.) sont nombreuses! Recherchez-les.
Voici quelques suggestions, en vrac, pour rencontrer des gens:

  • accepter l’invitation de collègues qui vont «prendre un verre» quelque part;
  • participer aux assemblées, comités, C.A. ou autres structures administratives en lien avec la profession;
  • assister à des lancements de livres et, pourquoi pas, à des vernissages d’expositions;
  • suivre les actualités du milieu des historiens par l’entremise des réseaux sociaux (voir le point suivant);
  • participer à des colloques, congrès et journées d’étude, même si c’est seulement comme auditeur;
  • convoquer quelques collègues et amis pour un café autour d’un thème particulier.

De manière générale, soyez simplement à l’affut de situations où vous pourrez discuter avec des personnes influentes.

3) Les nouveaux médias tu mettras à profit intelligemment

Comme la plupart des gens, les historiens apprécient les réseaux sociaux tels que Twitter, Instagram et Google+ et les outils de diffusion numérique comme Vine, Youtube ou Vimeo. Cependant, peu d’entre eux utilisent ces plateformes pour développer leur carrière. Le raisonnement est souvent le suivant: «J’utilise LinkedIn pour le travail, Pinterest pour le fun»… C’est un bon début, mais ce faisant, ils se privent de belles opportunités.

cferland-medias-sociauxSans nécessairement se créer une page Facebook professionnelle (encore que cela puisse s’avérer une bonne idée, selon votre situation), il y a moyen de mettre à profit ces outils pour consolider votre expertise, vous positionner clairement comme historien et étendre votre réseau. Pour continuer avec l’exemple Facebook, j’ai opté pour la possibilité de laisser les gens «s’abonner» à mon profil public, ce qui me permet de communiquer avec eux sans devoir obligatoirement les accepter comme «amis». Vous pouvez aussi utiliser les diverses fonctionnalités pour créer des catégories («Amis proches», «Contacts professionnels», etc.) auxquelles vous posterez des contenus différents.

En matière de ce qu’on peut publier sur ces différents médias, je n’entrerai pas dans les «à faire ou à éviter». Il existe pas mal de ressources sur les sites et blogues spécialisés en médias sociaux qui vous expliqueront parfaitement pourquoi c’est une mauvaise idée d’utiliser telle photo de party en guise d’image de profil ou de partager tel article potentiellement polémique. Je dirai cependant trois choses:

A- Comme historien, il est tout à fait possible d’utiliser vos différents profils à la fois de manière personnelle et professionnelle… en évitant bien sûr de verser dans la constante autopromotion pour ne pas agacer les gens qui vous «suivent»! Ici comme en d’autres domaines, le jugement est de mise. Alternez les réflexions personnelles et la photo de votre dernier repas entre amis avec des éléments plus «sérieux» susceptibles d’intéresser les gens qui vous suivent. Et soyez généreux: commentez et partagez les publications de vos amis historiens. Nous sommes si peu nombreux, il faut bien s’entraider!

B- Apprenez si possible à utiliser les différentes plateformes pour maximiser la portée de vos nouvelles… mais pas toutes les plateformes en même temps! Des ressources existent pour vous indiquer quels sont les meilleurs moments (jour de semaine, heure, etc.) pour publier sur Twitter, Pinterest, Facebook et tous les autres. Personnellement, je vous l’avoue, ça m’agace de recevoir en MÊME temps des «notifications» de la MÊME personne sur quatre réseaux pour la MÊME chose. Étudier le passé n’excuse en rien le manque d’habileté avec les outils actuels. My two cents, comme le disent nos amis anglophones.

cferland-troll-internetC- En tant qu’historien, votre réseau familial, amical et professionnel vous accorde sa confiance en ce qui a trait aux questions d’histoire. Mais nul n’est parfait et l’erreur est possible. Si vous avez fait fausse route, par exemple en partageant un article qui, après coup, s’avère provenir d’un site dont la crédibilité est douteuse, il n’y a pas de honte à faire amende honorable. D’un autre côté, ne passez pas votre temps à traquer les erreurs dans les publications de vos relations, au risque de vous retrouver avec l’étiquette de «troll historique». 😉

*

En attendant le prochain billet où je vous livrerai les 4 autres points, voici un collage que vous avez peut-être vu passer sur les médias sociaux, selon la formule du «What […] thinks I do». J’aurais aimé vous le proposer en français, mais je manque de temps pour en bricoler un. Si quelqu’un se dévoue et me l’envoie (sans fautes de français SVP… tant qu’à faire, faisons-le bien!), je promets de remplacer cette image par la version française.

MISE À JOUR, 7 juillet 2015 – Un collègue historien a rapidement répondu à l’appel : on dira ce qu’on voudra, mais le numérique, c’est l’fun et ça permet d’atteindre des objectifs avec une efficacité exceptionnelle! Merci, René Beaudoin! Comme promis, voici donc la version française du fameux collage.

Ce qu'on pense

À très bientôt pour la suite!

Bises.

Catherine

Catherine Ferland est historienne, auteure et conférencière. Depuis 15 ans, ses thématiques de prédilection – histoire de l’alimentation, des boissons alcooliques, des petits produits «plaisir» et de la culture en général – lui donnent la chance de participer régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de l’amener à faire des conférences aux quatre coins du Québec.

Contre la grisaille automnale

L’automne, nombreux sont ceux qui commencent à ressentir les effets du manque de lumière, de la pluie et de la grisaille.

Nos aïeuls n’y échappaient pas… sauf qu’au lieu de se procurer de la vitamine C à la pharmacie la plus proche, ils recouraient volontiers aux pilules, décoctions spéciales et «toniques» vendus par correspondance pour remédier à l’anémie, à la chlorose6883, à la débilité et au surmenage… Certaines se ces préparations comportaient de fortes doses d’alcool – ce n’est pas un grand mal, me direz-vous – mais aussi des ingrédients moins inoffensifs comme de l’extrait de cocaïne, de la morphine, des métaux lourds et des produits qui, de nos jours, seraient évidemment proscrits. Une imagerie soignée venait en renfort publicitaire: les revues et journaux anciens en sont remplis.

Un petit verre de vin Biquina avec ça?

«Vin Biquina: le plus agréable des apéritifs, le plus puissant des toniques», publicité parue dans L’album universel, vol. 22, no 1128 (2 décembre 1905), dernière page. Source: Bibliothèque et archives nationales du Québec, collection numérique d’images anciennes, no. 6883. Domaine public.

 

Catherine Ferland est historienne, auteure et conférencière. Depuis 15 ans, ses thématiques de prédilection – histoire de l’alimentation, des boissons alcooliques, des petits produits «plaisir» – lui offrent l’occasion de participer régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de l’amener à faire des conférences aux quatre coins du Québec.