Bordeaux, radio, boulot

J’émerge d’un enivrant maelström (oui, le mot est choisi) : il y a une dizaine de jours prenait fin Bordeaux fête le vin à Québec, un événement auquel j’ai eu l’immense plaisir de participer à titre de conférencière et qui m’a permis de faire la rencontre de gens intéressants et passionnés. Et de découvrir d’excellents vins, évidemment. Une chose en entraînant une autre, de bien belles occasions se dessinent pour moi – tant au niveau professionnel qu’au niveau humain – et j’en éprouve une grande gratitude envers la Vie! Laissez-moi vous raconter tout ça!

Bordeaux fête le vin, la «grande fête épicurienne»

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La foule présente lors de la dernière soirée de Bordeaux fête le vin, 1er septembre 2013. Photo: Renaud Philippe

Imaginez des centaines de personnes, verre de vin à la main, déambulant sur un magnifique site en plein air, où ils ont l’occasion de goûter à des crus allant de très bons à exceptionnels. Imaginez plusieurs dizaines de vignerons venus des différentes régions entourant Bordeaux, affairés à faire découvrir leurs produits aux Québécois. Sourire aux lèvres, chacun côtoie son prochain dans une bonne humeur générale. Les bermudas et gougounes de plage croisent les robes fancy et les petits talons. Certains grignotent un petit quelque chose, qui un satay de canard du MC Chef ou un tartare de boeuf du SSS, qui un cornet de jambon de Bayonne ou des macarons spécialement conçus pour l’événement par la chef Isabelle Plante, du 47e Parallèle. On entend s’exclamer les heureux participants: «Eh, j’ai goûté un super bon liquoreux à la tente des Sweet Bordeaux!» «Va essayer le Château Untel, au pavillon Médoc et Graves!» et tutti quanti. Ou, plus simplement, fusent ici et là des «Oh wow! Que c’est génial d’être ici!»

Organisé par la firme 3E, qui gère de gros événements dont le Festival d’été de Québec, Bordeaux fête le vin est indubitablement une fabuleuse réussite.

J’ai eu de belles opportunités d’en parler, d’abord à la radio, puis à la télé, pendant la semaine de l’événement, comme je le décris plus bas dans ce billet.

Une longue histoire d’amour avec Québec

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Mon «bébé», Bacchus en Canada, a peut-être 3 ans, mais il suscite encore beaucoup d’intérêt! Photo: Luc Blain.

Du jeudi 29 août au dimanche 1er septembre, j’ai donc eu le plaisir d’investir la scène principale du site, à Espace 400e, pour raconter la longue histoire d’amour des Québécois pour les vins de Bordeaux.

Quiconque de plus de 50 ans sait que les Québécois ont longtemps boudé le vin, lui préférant la bière ou le «fort» (dry gin, crème de menthe pour les matantes, etc.) : c’est assez récemment que l’on a découvert – ou plutôt redécouvert – le vin. L’offre actuelle dans les différents points de vente a littéralement explosé depuis les deux dernières décennies.

Pourtant, il fut un temps où les gens de Québec étaient friands de vin. Et tout particulièrement de vin de Bordeaux! Mes recherches sur l’histoire de la consommation d’alcool en Nouvelle-France, dont j’ai publié les résultats dans le bouquin Bacchus en Canada, m’ont permis de découvrir à quel point le jus de la vigne faisait partie de la vie quotidienne de nos ancêtres. Après quelques essais vinicoles plutôt décevants avec les vignes indigènes, puis des tentatives d’acclimatation ratées des vignes françaises – avec les moyens techniques de l’époque, c’était du pur héroïsme de faire du vin ici! – les gens de la Nouvelle-France se sont rabattus sur l’importation.

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Bouteilles de vin de France retrouvées à Québec par les archéologues. Arrière-plan: vigne canadienne sur tuteur. Montage: Catherine Ferland.

Si c’était plutôt La Rochelle qui envoyait ici ses navires au 17e siècle, le port de Bordeaux lui a royalement damé le pion à partir du début du 18e siècle. Et cette ville jouissait d’un avantage commercial très particulier, le Privilège de Bordeaux, ce qui lui permettrait d’expédier ses propres vins avant «d’accommoder» les autres régions. C’est ce qui fait que le vin de Bordeaux représentait environ 90% de tout le vin qu’on pouvait trouver dans la ville de Québec entre 1700 et 1760! Ce n’est pas rien. Notre «carte des vins» locale était plus variée que celle qu’on aurait pu trouver dans une ville de même taille en France pendant cette période!

Évidemment, la Conquête britannique a changé la donne en introduisant ici un goût prononcé pour la bière et le gin, goût qui a fini par imprimer durablement les manières de boire des Canadiens… jusqu’à ce que certains passionnés, vers la fin des années 1970, se réintéressent à la table de nos ancêtres (ah, le retour à la terre! la recherche des racines!) et réalisent que le vin était, justement, très associé à notre identité française. On a reconstruit des liens commerciaux avec les vignobles de France, on a recréé ici des foires vinicoles comme il s’en faisait ailleurs… Et voici comment, en 2013, les Québécois sont décidément tombés amoureux des bons vins.

Merci, monsieur Labeaume

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En compagnie de Régis Labeaume, maire de Québec, 1er septembre 2013. Photo: Martin Plante

L’homme a ses détracteur, et certes ses défauts, mais on ne peut lui reprocher d’être apathique: Régis Labeaume a le grand mérite d’oser attirer à Québec des événements d’envergure. L’idée de Bordeaux fête le vin, par exemple, est née lors d’une visite à Bordeaux, dont les quais vibraient de festivités vinicoles. Il se serait tout simplement exclamé qu’il serait bien d’inviter l’événement à Québec… Ce qui fut fait pour la première fois l’an dernier, pour célébrer les 50 ans de jumelage des villes de Québec et de Bordeaux. Le succès populaire remporté par ce premier opus a incité tout le monde à récidiver dès cette année. Merci, monsieur Labeaume.

Boulot et radio

L’événement Bordeaux fête le vin à Québec a constitué une formidable planche médiatique pour moi. Ça n’avait pas bougé autant depuis la sortie de mon Bacchus en 2010! Côté radio, j’ai été reçue en compagnie de Philippe Lapeyrie à l’émission Première heure, animée par Claude Bernatchez, à ICI Radio-Canada Première, le lundi 26 août. Une rencontre déterminante puisque, tout le reste de la semaine, Philippe a parlé de moi dans presque toutes les entrevues accordées en lien avec l’événement! 🙂 J’ai aussi été invitée à l’émission 3600 secondes d’histoire, animée par Alex T. Lamarche, Kim Chabot et Joseph Gagné, sur les ondes de CHYZ FM 94,3 le mercredi 28 août en soirée.

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En tournage avec la journaliste Josée Guillemette, 30 août 2013. Photo: Luc Samama.

Côté petit écran, c’est le vendredi 30 août – jour de mon anniversaire! – que j’ai accordé une entrevue à Josée Guillemette pour la version électronique du Journal de Québec, puis j’ai participé en direct à l’émission En supplémentaire après le Téléjournal de SRC vers 18h45. Je vous avoue une chose: c’est à ce moment précis que j’ai pris conscience que mes appréhensions face à la caméra étaient définitivement révolues.

Résultat de l’opération: je suis décidée à faire le grand saut vers l’univers médiatique, en mettant de l’avant mon expertise en histoire des boissons, des aliments, des terroirs et de la culture québécoise. Une émission de radio (j’en reparle dans un prochain billet, promis) et des implications dans divers projets télé sont au menu pour les prochains mois. Et, bien sûr, l’écriture.

*

Il arrive de ces moments où l’on prend conscience que notre existence est à un carrefour important, que ce que l’on est en train de vivre est déterminant pour la suite des choses. Je me situe précisément à l’un de ces carrefours. Et, chers amis, c’est d’un pas allègre et confiant que j’entreprends les premiers pas dans cette nouvelle voie. Me suivrez-vous? 🙂

– Catherine