«Staycation» d’affaires dans ma propre ville: petit séjour à l’hôtel pour travailler… et décrocher de la maison

D’entrée de jeu, pardon pour l’anglicisme. «Staycation»? Ce néologisme, né de la contraction entre «stay» (séjour) et «vacation» (vacances), décrit le fait de choisir un établissement hôtelier pour sa valeur première de destination, et non uniquement en guise de coin dodo. Et c’est exactement ce qui se passe pour moi : je me trouve à l’Hôtel Château Laurier, à Québec, dans ma propre ville, et ma chambre fait figure de petit cocon douillet dans lequel je travaille pour trois jours et duquel j’entends sortir le moins possible!

Vue de ma fenêtre: le Manège militaire, par un soir frisquet de novembre.

Au moment d’écrire ces lignes, je suis assiste à une jolie table de travail, avec vue sur le Manège militaire et sur les Plaines d’Abraham. La rive sud de Québec, en arrière-plan, constitue ma ligne d’horizon. Qu’est-ce que je fais dans un établissement hôtelier, dans ma propre ville?

Avant de vous parler du «comment», j’ai très envie de débuter par le «pourquoi». En effet, pour quelle raison peut-on éprouver l’envie de séjourner quelques temps dans un hôtel situé à moins de 20 minutes de chez soi?

En cinq mots : pour décrocher de la maison.

Foyer, doux foyer

Depuis mars 2020, on a lu et entendu beaucoup de choses concernant l’impact de la pandémie sur le monde du travail. Des experts se sont prononcés sur les profondes transformations qui se produisent depuis quelques mois dans notre rapport au boulot, tant dans ses aspects fonctionnels que relatifs à la santé mentale. On a abondamment parlé de l’impact de la désertion du centre-ville par les fonctionnaires, professionnels et employés qui, en temps normal, font vivre de nombreux petits commerces, restaurants, cafés et hôtels. Certains aspects positifs des restrictions ont aussi été évoqués, notamment l’économie en temps de transport que le télétravail peut représenter.

Or, j’ai vu passer bien peu de choses portant spécifiquement sur les travailleurs autonomes et entrepreneurs qui travaillent normalement à partir de leur domicile, une catégorie dont je fais partie. Sans vouloir comparer ou retirer quelque légitimité que ce soit à la condition des travailleurs «de bureau» qui se sont brusquement retrouvés confinés à la maison, c’est à la situation des travailleurs «à la maison» que je m’intéresse aujourd’hui.

Changer d’horizon pour quelques jours: quel bonheur!

Travailler de chez soi nécessite une discipline personnelle, une indispensable capacité à «sectoriser», à réellement réserver du temps exclusif au travail sans se laisser distraire par l’environnement, les tâches ménagères ou, pour certains, l’attrait de la télévision. Les travailleurs autonomes et entrepreneurs dont le bureau se trouve à la maison vous le diront : cette autodiscipline ne s’acquiert pas si facilement. Elle est le fruit d’un certain nombre de semaines (voire de mois) d’ajustements et de tâtonnements. La pandémie est venue chambouler cet équilibre.

Du jour au lendemain, en raison des diverses mesures de restrictions et de confinement, le calme espace de travail s’est retrouvé chamboulé par la présence des conjoints et des enfants, alternativement en congé forcé, en télétravail ou école à distance. Même avec une volonté en béton, il est devenu difficile d’atteindre le niveau de concentration optimale pour mener à bien certaines tâches, notamment intellectuelles.

Promiscuité territoriale

Personnellement, je me considère chanceuse : mes trois enfants sont au secondaire et démontrent beaucoup d’autonomie. Il n’en demeure pas moins que mes deux plus grands ont une journée sur deux de «télé-école», avec des cours sur GoogleMeet. La table de la cuisine ainsi que le divan du salon sont devenus des annexes scolaires. Mes deux petits chiens ne s’en plaignent pas; je les soupçonne de s’instruire discrètement, bien nichés sur les genoux de l’un ou l’autre de mes enfants. (Les animaux domestiques sont possiblement les grands gagnants de la situation actuelle.) Même si je n’ai pas besoin de superviser leur travail, je mentirais si je disais que la présence de mes enfants ne m’affecte pas. J’ai toutefois une pensée pour mes collègues dont les enfants sont plus jeunes. C’est exigeant, ces petites bêtes-là! Et on ne se le cachera pas, la fréquence des collations – même et peut-être surtout lorsqu’ils sont ados – est déconcertante. Bref, ça bouge.

Les conjoints, chums, blondes s’avèrent aussi un élément de distraction non négligeable. Hormis dans les rares cas où les deux membres du couple sont travailleurs autonomes, il y a une sorte de «travail d’éducation» à faire auprès de l’être aimé. Témoin involontaire du quotidien du travailleur autonome, il ne réalise peut-être pas à quel point sa présence constante peut être déstabilisante. Comment expliquer à notre amoureux qu’il n’a rien à se reprocher en tant que tel, mais que le seul fait qu’il se trouve dans la maison compromet notre concentration? C’est encore plus vrai en appartement, où la promiscuité rend les contacts visuels et les intrusions sonores inévitables.

Alors la situation est la suivante : vous vous retrouvez avec des personnes pour lesquelles le confinement est vécu à l’envers, car au lieu de se sentir oppressées de devoir rester chez elles, elles doivent plutôt apprendre à vivre avec «l’envahissement» de leur espace de travail! Ajoutez à cela une situation en elle-même, qui nous fait vivre toute une gamme d’émotions grises et beiges comme la lassitude, l’anxiété, le découragement, et vous avez un beau cocktail qui peut finir par affecter la santé mentale. D’où une légitime envie de fuir momentanément.

Rien à voir avec l’amour qu’on éprouve pour nos proches, là. Les miens, je les adore. Mais j’éprouve un impérieux besoin de me recentrer un peu. Ma solitude de manque!

Retrouver un havre de calme, sans fouillis familial sous les yeux, pour entrer en état de concentration propice au travail… eh bien, c’est exactement la raison pour laquelle j’ai quitté temporairement mon domicile pour me lover dans une chambre d’hôtel!

Oh, que ça commence bien!!!

Un cocon pour travailler

En posant mon manteau et mes bagages dans ma belle chambre, je suis prête à vivre l’expérience et à accueillir ce qui va passer. Bien sûr, j’ai du boulot, mais je me suis déjà accordé à l’avance la permission de simplement relaxer pendant la première demi-journée. La chambre que j’occupe est spacieuse, pourvue d’un immense lit, d’un foyer au gaz, d’une grande salle de bain, d’une très large fenêtre orientée vers le sud-est (allô, luminothérapie!) et surtout d’un grand bureau qui accueillera, pendant quelques jours, mon MacBookPro et mes notes.

Mon cocon de travail pour les prochains jours.

Déjà, le silence ambiant est fabuleux. La ventilation et le léger zzzzz du minifrigo créent un bruit blanc, presque un mantra. Les trucs à écrire, les entrevues que je vais accorder, de même que les réunions auxquelles j’assisterai, ne seront pas perturbées par le bruit d’armoires qui se ferment, de conversations animées ou de jappements de mes chiens.

Comme bien des travailleurs autonomes ou entrepreneurs, mes principaux outils de travail sont le téléphone cellulaire, l’ordinateur et Internet. J’ai donc avec moi tout ce qu’il me faut pour travailler. Je m’y emploie calmement. Un thé. Trois heures de musique. C’est tellement zen! Je retrouve la solitude complète comme une vieille amie bienveillante. J’entre dans un état de concentration fabuleux, ce qui ne m’étais pas arrivée depuis longtemps. J’écris sans effort. Mes doigts courent sur le clavier. Je me lève pour me dégourdir, regarder dehors, laisser mon regard se perdre quelques minutes sur les Plaines d’Abraham et la tour Martello. Pour la première fois depuis des mois, mon horizon de travail n’est pas celui des murs de ma maison et des haies qui entourent mon jardin. Mon doux, que ça fait du bien!

Sans exercer de pression, je suis productive. Tout se passe comme si mes neurones, en n’étant pas obligés de se mobiliser pour m’isoler «de force» de mon environnement domestique, s’avèrent super disponibles pour travailler. Alors j’écris. Je parle. Les idées vont tout naturellement, les mots fusent spontanément.

Des petits cadeaux! 🙂

Se recentrer

Au terme de ce court séjour, j’aurai abattu un boulot impressionnant. J’ai accordé deux entrevues pour mon plus récent livre, avancé des dossiers pour les Rendez-vous d’histoire de Québec, retranscrit des notes pour mon manuscrit en cours, assisté à un conseil d’administration en Zoom… et écrit cet article!

Si j’ai beaucoup travaillé, j’ai aussi pris du temps pour moi. Je suis allée marcher sur la colline parlementaire et sur la rue Cartier. J’ai pris des photos et fait quelques croquis d’éléments architecturaux intéressants, juste pour le fun. Je suis allée nager à trois reprises dans la piscine de l’hôtel, totalement seule. J’ai commandé un repas gastronomique au restaurant le Louis Hébert, juste à côté. J’ai dormi tout mon content dans le gros lit king ultra-confortable. J’ai regardé un vieil épisode de Downton Abbey qui passait à la télé. J’ai poussé le cliché jusqu’à mariner dans l’immense bain à remous avec un masque facial et un masque capillaire… Bref, j’ai maximisé mon séjour en profitant des installations et des avantages de la localisation!

Jolies maisons victoriennes à proximité de l’hôtel. On dirait un conte de Dickens!

J’ai envie de conclure sur ceci : si vous êtes dans cette situation de travailleur autonome «envahi» qui a besoin d’une escapade momentanée hors du foyer, n’hésitez pas à demander un court séjour à l’hôtel en guise de cadeau de Noël. Vous y travaillerez et vous y reposerez encore mieux que si vous étiez partis 2 semaines dans le sud. Sérieusement, c’est tout simple et ça fait un bien fou!

Merci à l’Hôtel Château Laurier pour le chaleureux accueil, l’hébergement, les déjeuners et les petites attentions.

La Villa Livernois: vie et mort d’un précieux patrimoine

La Villa Livernois vers 2014. Photo Ville de Québec.

Ce qu’on appelait la Villa Livernois était située au 2390, boulevard Masson, à Québec.
Elle a été détruite par un incendie le 15 septembre 2019.


Histoire de la propriété

Jules-Ernest Livernois vers 1920. BAnQ, P560,S2,D1,P121300.

Une villa initiale est construite au début des années 1880 pour Gédéon Larocque, médecin et homme politique. Azilda Davignon, sa deuxième épouse, vend la propriété en 1888.
Le nouvel acquéreur est nul autre que son gendre, le photographe et homme d’affaires Jules-Ernest Livernois (1851-1933). Il avait épousé à Québec, en 1876, Maria-Rose-Félicité Larocque puis, en 1882, sa belle-sœur Louise Larocque.
(Voir mon article sur Élise L’Heureux Livernois, la maman de Jules-Ernest).

La villa en 1890. BAnQ, P560,S2,D2,P77237-3.

La famille Livernois profite abondamment du domaine, notamment de l’accès à la rivière mais aussi des chemins de terre environnants, parfaits pour pratiquer l’équitation!

Le jeune Paul Livernois sur son cheval, devant la résidence d’été de la famille à Petite-Rivière. BAnQ, P560,S2,D2,P77237-1.

Livernois achète ensuite des terrains adjacents en 1896 et en 1910 afin d’aménager un véritable domaine de villégiature.

Vue prise de la véranda : les enfants sont Jules, Paul et Julia Livernois. BAnQ, P560,S2,D2,P77237-4.

Au début du 20e siècle, la mode est aux grands domaines de villégiature. Ceux-ci sont érigés aux abords des cours d’eau, un peu en retrait de l’agitation urbaine, pour servir de lieux de plaisance et de détente. Dans la mentalité de l’époque, ces domaines symbolisent la réussite sociale de la grande bourgeoisie, de même que le raffinement de la civilisation.
Les jardins, sentiers, massifs de fleurs et arbres qui les entourent font partie intégrante de ces domaines, servant d’écrin naturel aux bâtiments.

Vue prise de la rive de la rivière Duberger, à l’arrière de la résidence d’été de Jules-Ernest Livernois à Petite-Rivière. BAnQ, P560,S2,D2,P77237-5.

Dans cet esprit, Livernois fait remodeler la villa en 1905 par l’architecte Joseph-Pierre Ouellet (1871-1959). Celui-ci récupère une partie de la villa précédente pour l’intégrer au corps de logis et y ajoute une tour de trois étages coiffée d’un toit à quatre versants, des fenêtres palladiennes et un oculus, des pavillons ornés de frontons, des balustrades, une galerie couverte et un balcon.
L’asymétrie et les nombreuses ornementations sont représentatives d’un courant stylistique, le néo-Renaissance italienne, issu de l’éclectisme victorien. Il s’agit d’un des rares exemples de ce type architectural dans la ville de Québec.

L’intérieur de la propriété

Vue de l’escalier central de la villa en 2014. Photo: Ville de Québec.

Tout comme l’extérieur, l’intérieur de la propriété est très soigné et témoigne de l’aisance financière des propriétaires.
Après le portail d’entrée, l’abondance de boiseries ornementales étonne l’œil : on y trouve des chambranles, des planches cornières, des lambris, des moulures, des épis, des aisseliers et un monumental escalier en bois massif.

Dans le salon trône une cheminée dotée d’un âtre décoré.

Les portes françaises sont ornées de vitraux. À noter que les écus centraux des portes semblent représenter des vues du château de Châtillon-en-Bazois, près de Nevers, d’où provenait l’ancêtre de la famille Livernois, Paul Benoit dit Nivernois. Ce clin d’œil généalogique est tout à fait dans l’esprit de l’époque.

Vue des portes françaises en 2014. Photo: Ville de Québec.


Transactions immobilières

En 1929, alors âgé 78 ans, Jules-Ernest Livernois donne sa résidence et les terrains adjacents à sa belle-fille Thérèse Roy, veuve de son défunt fils Paul Livernois (1883-1927). Celle-ci se remarie avec le médecin William Brown.
La villa continue d’être utilisée comme résidence d’été, alors que le quartier se développe beaucoup à partir des années 1940 et 1950.

Vue aérienne du secteur de la villa, 1948. Source de l’image : Université Laval, http://geospatial.bibl.ulaval.ca/Donnees/Mosaique/Quebec-1948.htm

En 1960, Thérèse Roy-Brown vend le domaine à l’hôtelier Léopold Lafrenaie.
Il semble que c’est à la suite de cette transaction que l’on fait construire un bâtiment reliant le corps principal de la villa aux écuries. Cette nouvelle «aile» comprend huit chambres et est aménagée à la manière des motels de l’époque.

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La Villa Livernois avant 1960, Ville de Québec.

Après quelques années, ces activités hôtelières prennent fin puisque, en 1963, la villa est acquise par la communauté religieuse des Auxiliaires franciscaines du prêtre et de l’Action catholique. Cette communauté, qui prend le nom d’Auxiliaires franciscaines Les Saules en 1968, occupe les lieux pendant près de 50 ans: la villa sert tour à tour de résidence, de centre missionnaire et de centre d’hébergement pour les sœurs retraitées et pour des personnes âgées.
Les anciennes écuries sont reconverties en maison de retraite, mais la date exacte de cette reconversion n’a pas été retrouvée.
En 2010, une communauté de prêtres acquiert le domaine : il s’agit du Séminaire missionnaire diocésain international Redemptoris Mater de Québec, un mouvement catholique traditionaliste. La villa devient ainsi un lieu d’enseignement pour les futurs missionnaires, mais quelques religieuses retraitées continuent d’y habiter.

La villa Livernois en 1986. Photo: Ville de Québec.


Intérêt historique et patrimonial

Tel que mentionné précédemment, la villa Livernois était construite dans le style néo-Renaissance italienne, un type architectural qui est très rare dans la ville de Québec.
Dans la mesure où la majorité des bâtiments du secteur Les Saules ont été construits à partir de la seconde moitié du 20e siècle, la Villa Livernois comptait parmi les plus vieux bâtiments du quartier.
Malgré l’urbanisation du secteur et ses multiples changements de propriétaires, le bâtiment a conservé la majorité de ses composantes architecturales d’origine jusqu’en 2014, dont ses nombreuses boiseries ornementales de même que son revêtement en bois et en tôle à baguettes. Son caractère naturel avait été préservé, peut-être en raison de la proximité des rivières Saint-Charles et Lorette et d’un important couvert végétal.
Bien que reconnue comme maison patrimoniale par la Ville de Québec, aucun statut juridique ne la protégeait vraiment. Le bâtiment a connu d’importantes détériorations entre 2014 et 2019, notamment sa toiture et son revêtement extérieur. Laissée à elle-même, la propriété se dégradait rapidement.
Un projet immobilier déposé en 2019 par les Immeubles Vivo semblait offrir une planche de salut à la Villa Livernois en l’intégrant à un ensemble résidentiel.

Une maquette du projet immobilier sur les terrains de la Villa Livernois, 2019. Photo courtoisie Les immeubles Vivo

Ce projet n’aura cependant pas eu le temps de voir le jour.

Un incendie dévastateur

C’est le 15 septembre 2019 que le sort de la Villa Livernois a été scellé. Un incendie s’est déclaré dans la tour centrale du bâtiment, nécessitant l’intervention du Service de protection contre les incendies de la ville de Québec. La première alarme a été enregistrée à 10h31, bientôt suivie de trois autres. L’attaque a été faite en mode défensif dès le départ de l’intervention. Des jets à haut débits ont été utilisés pour tenter de rabattre les flammes. À certains moments, jusqu’à 65 pompiers ont été sur les lieux.

 

Le feu s’avérant difficile à contrôler totalement, l’intervention d’une pelle mécanique a été demandée afin de détruire les murs encore fumants.

C’est ainsi qu’est parti en fumée ce qui était l’un des éléments
les plus originaux du patrimoine bâti de la ville de Québec…

Villa Livernois, 1905-2019


Revue de presse relative à l’incendie

 

Une version initiale de cet article a été publié sur le groupe Facebook
«Sauvons la villa Livernois» le 27 septembre 2018.
Les ajouts concernant l’incendie ont été faits le 16 septembre 2019.
Catherine Ferland, tous droits réservés.

Les confréries gastronomiques au Québec, de l’Ordre de Bon Temps à la Chaîne des rôtisseurs

Hier soir, j’ai eu la chance exceptionnelle de prendre part à une soirée au Château Frontenac visant à relancer les activités de la Chaîne des rôtisseurs, bailliage de Québec. Bon, je sais: pour la majorité des gens, ce nom évoque un certain resto livrant du poulet… Mais en fait, il s’agit d’une confrérie gastronomique dont les racines remontent littéralement au Moyen Âge français! Si le Québec a une tradition épicurienne beaucoup plus récente, il est quand même intéressant d’examiner l’histoire de ces regroupements d’amoureux de la bonne table* dans la Belle Province. Ça titille votre intérêt? Suivez-moi!

* Je n’aborderai pas ici les confréries de vin, car c’est une toute autre histoire… dont je compte bien m’occuper plus tard!

La Chaîne des rôtisseurs

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Cuisiniers préparant de la viande. Gravure sur bois de Buglhat et Hucher, 1549. (Je n’ai pas acquis les droits sur l’image, d’où le filigrane…)

Basée à Paris, la Chaîne des Rôtisseurs est une Association Internationale de la Gastronomie. Elle est l’héritière de l’ancienne corporation des rôtisseurs d’oie de Paris, érigée pendant le règne de Louis IX dit saint Louis. Selon certaines sources, cette corporation aurait été officialisée en 1248 (j’admets ne pas avoir trouvé grand chose à ce sujet).

En revanche, le Livre des métiers rédigé vers 1260 par Étienne Boileau, prévôt de Paris, nous apprend que le rôtisseur est appelé cuisinier oyer ou simplement oyer, rôtisseur d’oies. Il faut dire qu’au 13e siècle, l’oie rôtie est le mets favori des riches Parisiens, incluant la Cour, alors même les rôtisseurs de d’autres viandes se qualifient d’oyer: c’est plus chic! Ces cuisiniers oyers avaient le monopole pour « trousser, parer, rôtir les volailles et le gibier à poil et à plumes, les agneaux et les chevreaux ». Ils préparaient aussi diverses viandes et charcuteries.

L’appartenance à cette sorte de guilde est assortie de règles strictes. En effet, les corporations servent à structurer et à codifier les métiers spécialisés en établissant, par exemple, certaines exigences liées au savoir-faire et à la qualité de ce qui est préparé. Nos cuisiniers oyeurs doivent donc conseiller à leurs acheteurs de ne plus consommer les viandes trois jours après l’achat. Ces pratiques encadrent donc le métier, en plus de veiller à la sécurité des consommateurs – très moderne, comme approche!

Au cours des siècles suivants, ces cuisiniers oyers se spécialisent de plus en plus comme cuisiniers tout court et comme traiteurs, tandis que le rôtissage lui-même tombe dans une sorte de flou juridique. Pour récupérer le monopole de la préparation de viandes et volailles rôties, un certain nombre de cuisiniers demandent au roi Louis XII la création d’une nouvelle profession, les rôtisseurs, ce qui est accordé en 1509.

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Illustration métaphorique du métier de rôtisseur par Nicolas Larmessin, 1695. (Je n’ai pas acquis les droits sur l’image, d’où le filigrane…)

Éclipsée par la Révolution française, la corporation des rôtisseurs disparaît en 1793, en même temps que bien d’autres institutions royales.

Il faut attendre 1950 pour voir renaître un regroupement de rôtisseurs à Paris: grâce au travail de deux chefs et de trois gastronomes, on refonde cette ancienne association sous le nom de Chaîne des rôtisseurs.

Aujourd’hui implantée dans plus de 80 pays, cette confrérie compte environ 25 000 membres,  des passionnés partageant les quatre valeurs primordiales, soit la qualité, la gastronomie, la promotion des arts culinaires et celle des plaisirs de la table. Si l’ancienne corporation rassemblait uniquement des artisans (bref, ceux qui «se mettaient les mains dedans» et cuisinaient), l’actuelle Chaîne des rôtisseurs rassemble certes des professionnels, qu’ils soient hôteliers, restaurateurs, chefs ou sommeliers, mais aussi des gourmands de tous milieux, des amateurs de bonne table… des épicuriens, quoi!

Les confréries de gastronomes au Québec

Transportons-nous maintenant de l’autre côté de l’Atlantique, au Québec.

Si Samuel de Champlain en personne fonde l’Ordre de Bon Temps à Port-Royal (bon, c’est en Acadie… mais tout de même) en 1606, dans le but de donner aux gentilshommes de sa suite l’envie de chasser et de cuisiner, cette initiative ne connaît malheureusement pas de suite. On tient de bonnes tables chez le gouverneur, l’intendant et quelques autres dignitaires de l’époque de la Nouvelle-France, mais on ne peut assurément pas parler de clubs gastronomiques!

Les gentlemen’s clubs qui apparaîtront à la faveur du Régime anglais ne peuvent pas davantage être considérés comme des associations de gastronomes : on y mange, boit, discute de politique, fume et joue au billard, sans véritable accent sur la nourriture et l’art de la table.

C’est vraiment au 20e siècle qu’apparaissent les premiers regroupements de gastronomes.

La toute première confrérie d’amateurs de bonne chère au Québec semble être le Club Prosper Montagné. Créé à Paris en 1950, le chapitre canadien est fondé  à Montréal à peine quatre ans plus tard, en 1954. Notons que Prosper Montagné était un chef français réputé, qui a notamment créé le Larousse gastronomique (1938), l’encyclopédie de base de la gastronomie française.

Ce premier club en entraîne d’autres. Les Amis d’Escoffier est une autre confrérie fondée à Montréal en 1955, bientôt suivie de la confrérie des Compagnons de la bonne table, qui voit le jour à Montréal le jeudi 9 avril 1959. L’article de la Presse qui en fait état révèle que les compagnons, au nombre de quarante, sont tous membres du conseil d’administration de l’Association des hôteliers de la province de Québec. Ils se voient alors accorder le privilège exclusif d’arborer au cou la chaîne d’argent écussonnée de la marmite de fer et dont l’anneau retient une petite gamelle d’argent.

Un coup d’œil au menu qui est servi ce soir-là? Pourquoi pas! (attention, haut risque de salivation ici)

Souper inaugural des Compagnons de la bonne table tenu à Montréal le 9 avril 1959. La Presse, 12 avril 1959, p. 6.

C’est finalement au printemps 1961 qu’est fondée à Montréal une division (ce qu’on appelle un bailliage, rappelant l’origine médiévale des confréries) de la Chaîne des rôtisseurs au Québec. Le tout premier bailli en est Rolland Douville.

Notons l’apport immense de Gérard Delage dans l’implantation des premiers regroupements gastronomiques au Québec : en plus d’être est l’un des inspirateurs du Club Prosper Montagné, des Amis d’Escoffier chapitre de Montréal, des Compagnons de la Bonne Table et de la Chaîne des rôtisseurs, il a aussi été à la source de la fondation des Gourmets du Nord, des Gastronomes amateurs de poisson, des Vignerons de Saint-Vincent et de bien d’autres encore… Une journaliste du Macleans le qualifie même de «Prince des Gourmets Canadiens». Un fascinant bonhomme, qui mériterait d’ailleurs une biographie conséquente.

https://archive.macleans.ca/image/spread/19740701/21/0

Article dans le Macleans, 1er juillet 1974.

Au fil des décennies, les activités de ces associations de gastronome se développent, s’articulant de très près au monde de la restauration et de l’hôtellerie. Elle jouent un rôle important dans la maturation d’un art culinaire québécois. En effet, les grandes rencontres se tiennent dans les meilleurs restaurants, donnant l’occasion aux chefs de démontrer leur savoir-faire. Les accords mets-vins se précisent. En 1972, la Chaîne des rôtisseurs choisit Montréal pour y tenir le Congrès mondial de la gastronomie, considérant que la métropole est la «capitale gastronomique du Nouveau Monde». Rien de moins!

En 1979, selon l’article du magazine Macleans (dont vous voyez la première page ci-haut), le Québec compte 33 clubs gastronomiques officiels, cumulant plus de 1000 membres, un nombre auquel s’ajoutent tous les regroupements privés et les clubs de dégustation de vins. À ceux déjà cités, ajoutons Les Chevaliers de la Table Ronde, Les Amitiés Gastronomiques Internationales, le Club Gargantua, etc. En fait, les villes de Montréal et Québec hébergent plus de confréries gourmandes que New York, Chicago et San Francisco réunies!

Mais… car il y a un mais : ces regroupements sont alors essentiellement masculins. Le poids de la tradition, je suppose. Or, dans les années 1970-1980, la misogynie de ce milieu fait figure d’anachronisme. En guise de «représailles», certaines femmes gravitant dans le milieu de la gastronomie créent Les Néophytes du Nectar et de l’Ambroisie et quelques autres groupes exclusivement féminins. Avec le temps, les clubs finissent par ouvrir leurs portes à tous.

*

Crédit photo: Fairmont Le Château Frontenac, 2019

Qu’en est-il aujourd’hui? Est-ce que le Québec compte encore autant de confréries gastronomiques?

En fait, je ne suis pas parvenue à obtenir de chiffres probants quant au nombre d’associations de cette nature, ni au nombre de membres qu’elles rassemblent. Lors du souper d’hier soir au Château Frontenac, marquant la renaissance de la Chaîne des rôtisseurs – bailliage de Québec (dont le bailli actuel est Jean-Louis Souman), j’ai été ravie de voir l’intérêt de l’assistance, nombreuse et enthousiaste. Mais cela demeure une appréciation subjective. Si quelqu’un détient plus de détails sur l’état actuel des confréries, le nombre de membres, etc., merci de m’en faire part: je m’empresserai d’ajouter ces informations!

C’est un univers fascinant. Je ne promets rien, mais j’aimerais bien «m’attaquer» plus sérieusement aux confréries gastronomiques, y compris vineuses (chevaliers du Taste-Vin et autres Compagnons du Beaujolais). Un de ces jours.

Bises.

– Catherine

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire culturelle du Québec, plus précisément d’histoire de l’alimentation, de l’alcool et de la gastronomie. Elle a écrit ou coécrit une quarantaine d’ouvrages et articles, dont Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France et La Corriveau, de l’histoire à la légende.  Elle signe des articles dans près d’une dizaine de journaux et revues, dont Le Devoir et donne régulièrement des conférences au Québec et en France. Elle est aussi la fondatrice et présidente des Rendez-vous d’histoire de Québec. Catherine vit à Québec avec son amoureux, ses trois ados… et ses deux pinschers nains!

Elise L’Heureux, photographe de Québec au 19e siècle

Elise L’Heureux, veuve Livernois, photographe et femme d’affaires de Québec au 19e siècle.

En cette journée internationale des droits des femmes, j’aimerais vous faire connaître une personnalité trop peu connue de la ville de Québec: il s’agit de la photographe Élise L’Heureux/L’Hérault (1827-1896), liée à la célèbre famille Livernois.

Le studio de photo Livernois était le plus important du Québec à être tenu par des francophones. On estime qu’il aurait produit un corpus d’environ 300 000 images, soit des monuments, des paysages et des portraits. Le studio a vu évoluer les procédés, depuis le daguerréotype jusqu’à la photo argentique.

Pendant pratiquement un siècle, la maison Livernois a été dirigée par les représentants de trois générations:

  • de 1854 à 1865, par le fondateur Jules-Isaïe Benoît dit Livernois (1830-1865);
  • de 1866 à 1873, par Élise L’Heureux, veuve de Jules-Isaïe, et son gendre, Louis Fontaine dit Bienvenu;
  • de 1874 à 1898, par Jules-Ernest Livernois (1851-1933), fils de Jules-Isaïe et Élise;
  • de 1899 à 1952, par Jules Livernois, fils de Jules-Ernest et Louise Larocque.

Nous sommes en pleine époque victorienne. Toute femme d’affaires qu’elle soit, l’apport d’Élise L’Heureux n’est pas clairement identifié, puisque l’activité économique et commerciale ne peut se conjuguer officiellement qu’au masculin… Le Code civil du Bas-Canada accorde en effet aux femmes mariées un statut analogue à celui des personnes mineures : les épouses ne peuvent conclure aucune transaction (ou presque) sans l’autorisation de leur époux. Celles qui ont des ambitions professionnelles sont par conséquent freinées par ces contraintes juridiques. C’est donc le mari d’Élise L’Heureux, Jules-Isaïe Benoît dit Livernois, puis son gendre, Louis Fontaine dit Bienvenu, qui signent la production photographique du studio.

Or, l’historien de l’art Michel Lessard a démontré que l’apport d’Élise L’Heureux, tant au plan artistique qu’administratif, était tangible. En fait, plus que simplement «impliquée», elle aurait fondé la maison de photographie avec son mari Jules-Isaïe Livernois. Une fois veuve, elle en a assumé l’administration et le développement avec son gendre et ses fils.

On ne sait pas grand chose sur elle. Née le 22 janvier 1827 à Québec, Élise L’Heureux est la fille de Jean-Baptiste L’Heureux, maître-cordonnier de la basse-ville de Québec, et de Élisabeth Couture. Selon Michel Lessard, « Quiconque examine les différentes transactions ou les mouvements de famille depuis le début du studio verra en Élise L’Heureux-Livernois une femme forte, déterminée et entreprenante. On ne peut nier qu’elle occupe une part au moins égale, sinon supérieure, à celle de son époux dans la mise en place et le développement de la pratique photographique des Livernois ».

Toujours selon Lessard, Élise L’Heureux aurait possiblement été la première à maîtriser la technique photographique pour ensuite y initier son mari! Cette artiste photographe accomplie s’occupe des séances (il semble qu’elle ait des talents particuliers pour photographier les enfants), du développement en chambre noire, du montage et de la gestion administrative de l’entreprise. L’inscription dans le répertoire d’affaires de l’Annuaire Marcotte de 1857-1858 indique à tout le moins son importance dans l’affaire familiale.

En 1865, cinq jours après l’enterrement de son mari Jules-Isaïe Livernois, Élise L’Heureux fait paraître une annonce dans le Journal de Québec indiquant son intention de prendre elle-même la direction de l’atelier de photographie. Quelques mois plus tard, elle s’associe avec le photographe Louis Bienvenu, qui a épousé sa fille Julia.

Au printemps de 1873, la compagnie Livernois et Bienvenu est dissoute, ce qui signale la fin de la participation active d’Élise L’Heureux à la gestion de l’entreprise familiale. Elle décède en janvier 1896, à l’âge de 69 ans. À défaut de connaître quels sont les clichés dont elle est l’auteure, sa contribution générale à la maison Livernois a été reconnue sur la plaque commémorative qui se trouve face aux 1192-1196, rue Saint-Jean, à Québec.

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Quand on pense à l’histoire des femmes au Québec, on réfère presque toujours à celles qui ont été des pionnières en matière de droits des femmes et de politique. C’est important, évidemment! Mais j’aimerais qu’on s’attarde aussi à toutes celles qui ont eu une influence au niveau culturel. Ces femmes qui, dans l’ombre des maris (pour des raisons sociales et juridiques – ah, le patriarcat!), ont pourtant transformé le Québec.

Bises.

– Catherine

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire culturelle du Québec, plus précisément d’histoire de l’alimentation, de l’alcool et de la gastronomie. Elle a écrit ou coécrit une quarantaine d’ouvrages et articles, dont Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France et La Corriveau, de l’histoire à la légende.  Elle signe des articles dans près d’une dizaine de journaux et revues, dont Le Devoir et donne régulièrement des conférences au Québec et en France. Elle est aussi la fondatrice et présidente des Rendez-vous d’histoire de Québec. Catherine vit à Québec avec son amoureux, ses trois ados… et ses deux pinschers nains!

Sources:

Mario Béland, «La dynastie Livernois», Continuité, no. 122, automne 2009, p. 39-44.

Lucie Desrochers, «Elles ont brassé des affaires», Cap-aux-Diamants, no. 95, 2008, p. 16-19.

Michel Lessard, Les Livernois photographes, Québec, Musée du Québec, 1987, 338 pages.

Sylvie Tremblay, «La famille Benoît dit Livernois», Cap-aux-Diamants, vol. 3, no. 2, été 1987, p. 57.

 

 

Nouvelle collaboration: enseigner l’histoire autrement en 1ère et 2e secondaire

Après plusieurs mois à garder le secret, je peux enfin en parler: je travaille en ce moment à la création de nouveaux cahiers d’histoire destinés aux élèves de 1ère et 2e secondaire! Les éditions Pearson ERPI m’ont en effet demandé d’écrire plusieurs chapitres d’une collection inédite et éclatée, ARCHIVES, qui sera disponible dès la rentrée 2019.

Le matériel pédagogique actuel est très bien fait. Ceux et celles qui disent le contraire n’ont possiblement pas ouvert un cahier d’histoire depuis leur propre passage au secondaire! Or, toutes les maisons d’édition scolaire québécoises doivent respecter le même programme et la même Progression des apprentissages, tels que définis par le ministère de l’Éducation (si vous le permettez, on n’entrera pas dans le débat du «politiquement correct»: ce n’est pas le propos ici). Les maisons d’édition scolaire ont aussi l’habitude de travailler avec des rédacteurs pédagogiques spécialisés, selon des gabarits graphiques assez classiques. Cela fait en sorte que les cahiers d’activités finissent par tous se ressembler un peu. Beaucoup, même. Bref, de la qualité, mais peu de diversité.

Quand j’aurai les premières maquettes, je promets de revenir mettre des images. En attendant, on se contentera de ceci. 🙂

 

Réinventer la roue? Pourquoi ne pas essayer?

Sans pour autant retirer du marché sa collection Espace Temps Histoire, Pearson ERPI a décidé d’en créer une autre en parallèle. Pour cette nouvelle collection, ARCHIVES, on a recruté des auteurs historiens qui ne sont pas des rédacteurs pédagogiques. Il y a une autre «personnalité connue» qui participe au projet, mais je ne veux pas révéler son identité sans avoir obtenu son autorisation, alors je me tais pour l’instant. Le graphisme a été créé par des illustrateurs qui ne travaillent pas habituellement en édition scolaire. Bref, je participe à une équipe où il y a plusieurs regards neufs.

En tant qu’historienne, c’est un grand bonheur et un privilège de collaborer à cette nouvelle collection. Chacun de «mes» chapitres sera signé. J’y aurai même des encadrés spéciaux où je m’adresserai directement aux élèves pour leur raconter une anecdote ou un fait insolite.

Je suis vraiment ravie! Raconter l’histoire autrement, piquer la curiosité de nos ados et, je l’espère, semer en eux les graines d’une future passion pour l’histoire: voilà un superbe mandat qui me donne l’occasion d’accomplir tout cela.

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À présent, parents et surtout amis du milieu de l’enseignement au secondaire, la balle est dans votre camp. Démontrez votre intérêt pour cette nouvelle collection ARCHIVES qui, je le disais plus haut, sera disponible à temps pour la rentrée scolaire 2019. Envoyez la nouvelle à vos collègues. Et restez à l’affût: ce sera bientôt en ligne sur le site web de Pearson ERPI.

Qui sait, après les cahiers pour la 1ère et la 2 secondaire, l’éditeur décidera peut-être de faire la même chose pour les 3e et 4e secondaire, qui mettent l’accent sur l’histoire québécoise! J’en serais fort heureuse, je vous assure 🙂 D’ici là, je retourne à mon chapitre sur la Renaissance!

Bises.

– Catherine

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire culturelle du Québec, plus précisément d’histoire de l’alimentation, de l’alcool et de la gastronomie. Elle a écrit ou coécrit une quarantaine d’ouvrages et articles, dont Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France et La Corriveau, de l’histoire à la légende.  Elle signe des articles dans près d’une dizaine de journaux et revues, dont Le Devoir et donne régulièrement des conférences au Québec et en France. Elle est aussi la fondatrice et présidente des Rendez-vous d’histoire de Québec. Catherine vit à Québec avec son amoureux, ses trois ados… et ses deux pinschers nains!