«Staycation» d’affaires dans ma propre ville: petit séjour à l’hôtel pour travailler… et décrocher de la maison

D’entrée de jeu, pardon pour l’anglicisme. «Staycation»? Ce néologisme, né de la contraction entre «stay» (séjour) et «vacation» (vacances), décrit le fait de choisir un établissement hôtelier pour sa valeur première de destination, et non uniquement en guise de coin dodo. Et c’est exactement ce qui se passe pour moi : je me trouve à l’Hôtel Château Laurier, à Québec, dans ma propre ville, et ma chambre fait figure de petit cocon douillet dans lequel je travaille pour trois jours et duquel j’entends sortir le moins possible!

Vue de ma fenêtre: le Manège militaire, par un soir frisquet de novembre.

Au moment d’écrire ces lignes, je suis assiste à une jolie table de travail, avec vue sur le Manège militaire et sur les Plaines d’Abraham. La rive sud de Québec, en arrière-plan, constitue ma ligne d’horizon. Qu’est-ce que je fais dans un établissement hôtelier, dans ma propre ville?

Avant de vous parler du «comment», j’ai très envie de débuter par le «pourquoi». En effet, pour quelle raison peut-on éprouver l’envie de séjourner quelques temps dans un hôtel situé à moins de 20 minutes de chez soi?

En cinq mots : pour décrocher de la maison.

Foyer, doux foyer

Depuis mars 2020, on a lu et entendu beaucoup de choses concernant l’impact de la pandémie sur le monde du travail. Des experts se sont prononcés sur les profondes transformations qui se produisent depuis quelques mois dans notre rapport au boulot, tant dans ses aspects fonctionnels que relatifs à la santé mentale. On a abondamment parlé de l’impact de la désertion du centre-ville par les fonctionnaires, professionnels et employés qui, en temps normal, font vivre de nombreux petits commerces, restaurants, cafés et hôtels. Certains aspects positifs des restrictions ont aussi été évoqués, notamment l’économie en temps de transport que le télétravail peut représenter.

Or, j’ai vu passer bien peu de choses portant spécifiquement sur les travailleurs autonomes et entrepreneurs qui travaillent normalement à partir de leur domicile, une catégorie dont je fais partie. Sans vouloir comparer ou retirer quelque légitimité que ce soit à la condition des travailleurs «de bureau» qui se sont brusquement retrouvés confinés à la maison, c’est à la situation des travailleurs «à la maison» que je m’intéresse aujourd’hui.

Changer d’horizon pour quelques jours: quel bonheur!

Travailler de chez soi nécessite une discipline personnelle, une indispensable capacité à «sectoriser», à réellement réserver du temps exclusif au travail sans se laisser distraire par l’environnement, les tâches ménagères ou, pour certains, l’attrait de la télévision. Les travailleurs autonomes et entrepreneurs dont le bureau se trouve à la maison vous le diront : cette autodiscipline ne s’acquiert pas si facilement. Elle est le fruit d’un certain nombre de semaines (voire de mois) d’ajustements et de tâtonnements. La pandémie est venue chambouler cet équilibre.

Du jour au lendemain, en raison des diverses mesures de restrictions et de confinement, le calme espace de travail s’est retrouvé chamboulé par la présence des conjoints et des enfants, alternativement en congé forcé, en télétravail ou école à distance. Même avec une volonté en béton, il est devenu difficile d’atteindre le niveau de concentration optimale pour mener à bien certaines tâches, notamment intellectuelles.

Promiscuité territoriale

Personnellement, je me considère chanceuse : mes trois enfants sont au secondaire et démontrent beaucoup d’autonomie. Il n’en demeure pas moins que mes deux plus grands ont une journée sur deux de «télé-école», avec des cours sur GoogleMeet. La table de la cuisine ainsi que le divan du salon sont devenus des annexes scolaires. Mes deux petits chiens ne s’en plaignent pas; je les soupçonne de s’instruire discrètement, bien nichés sur les genoux de l’un ou l’autre de mes enfants. (Les animaux domestiques sont possiblement les grands gagnants de la situation actuelle.) Même si je n’ai pas besoin de superviser leur travail, je mentirais si je disais que la présence de mes enfants ne m’affecte pas. J’ai toutefois une pensée pour mes collègues dont les enfants sont plus jeunes. C’est exigeant, ces petites bêtes-là! Et on ne se le cachera pas, la fréquence des collations – même et peut-être surtout lorsqu’ils sont ados – est déconcertante. Bref, ça bouge.

Les conjoints, chums, blondes s’avèrent aussi un élément de distraction non négligeable. Hormis dans les rares cas où les deux membres du couple sont travailleurs autonomes, il y a une sorte de «travail d’éducation» à faire auprès de l’être aimé. Témoin involontaire du quotidien du travailleur autonome, il ne réalise peut-être pas à quel point sa présence constante peut être déstabilisante. Comment expliquer à notre amoureux qu’il n’a rien à se reprocher en tant que tel, mais que le seul fait qu’il se trouve dans la maison compromet notre concentration? C’est encore plus vrai en appartement, où la promiscuité rend les contacts visuels et les intrusions sonores inévitables.

Alors la situation est la suivante : vous vous retrouvez avec des personnes pour lesquelles le confinement est vécu à l’envers, car au lieu de se sentir oppressées de devoir rester chez elles, elles doivent plutôt apprendre à vivre avec «l’envahissement» de leur espace de travail! Ajoutez à cela une situation en elle-même, qui nous fait vivre toute une gamme d’émotions grises et beiges comme la lassitude, l’anxiété, le découragement, et vous avez un beau cocktail qui peut finir par affecter la santé mentale. D’où une légitime envie de fuir momentanément.

Rien à voir avec l’amour qu’on éprouve pour nos proches, là. Les miens, je les adore. Mais j’éprouve un impérieux besoin de me recentrer un peu. Ma solitude de manque!

Retrouver un havre de calme, sans fouillis familial sous les yeux, pour entrer en état de concentration propice au travail… eh bien, c’est exactement la raison pour laquelle j’ai quitté temporairement mon domicile pour me lover dans une chambre d’hôtel!

Oh, que ça commence bien!!!

Un cocon pour travailler

En posant mon manteau et mes bagages dans ma belle chambre, je suis prête à vivre l’expérience et à accueillir ce qui va passer. Bien sûr, j’ai du boulot, mais je me suis déjà accordé à l’avance la permission de simplement relaxer pendant la première demi-journée. La chambre que j’occupe est spacieuse, pourvue d’un immense lit, d’un foyer au gaz, d’une grande salle de bain, d’une très large fenêtre orientée vers le sud-est (allô, luminothérapie!) et surtout d’un grand bureau qui accueillera, pendant quelques jours, mon MacBookPro et mes notes.

Mon cocon de travail pour les prochains jours.

Déjà, le silence ambiant est fabuleux. La ventilation et le léger zzzzz du minifrigo créent un bruit blanc, presque un mantra. Les trucs à écrire, les entrevues que je vais accorder, de même que les réunions auxquelles j’assisterai, ne seront pas perturbées par le bruit d’armoires qui se ferment, de conversations animées ou de jappements de mes chiens.

Comme bien des travailleurs autonomes ou entrepreneurs, mes principaux outils de travail sont le téléphone cellulaire, l’ordinateur et Internet. J’ai donc avec moi tout ce qu’il me faut pour travailler. Je m’y emploie calmement. Un thé. Trois heures de musique. C’est tellement zen! Je retrouve la solitude complète comme une vieille amie bienveillante. J’entre dans un état de concentration fabuleux, ce qui ne m’étais pas arrivée depuis longtemps. J’écris sans effort. Mes doigts courent sur le clavier. Je me lève pour me dégourdir, regarder dehors, laisser mon regard se perdre quelques minutes sur les Plaines d’Abraham et la tour Martello. Pour la première fois depuis des mois, mon horizon de travail n’est pas celui des murs de ma maison et des haies qui entourent mon jardin. Mon doux, que ça fait du bien!

Sans exercer de pression, je suis productive. Tout se passe comme si mes neurones, en n’étant pas obligés de se mobiliser pour m’isoler «de force» de mon environnement domestique, s’avèrent super disponibles pour travailler. Alors j’écris. Je parle. Les idées vont tout naturellement, les mots fusent spontanément.

Des petits cadeaux! 🙂

Se recentrer

Au terme de ce court séjour, j’aurai abattu un boulot impressionnant. J’ai accordé deux entrevues pour mon plus récent livre, avancé des dossiers pour les Rendez-vous d’histoire de Québec, retranscrit des notes pour mon manuscrit en cours, assisté à un conseil d’administration en Zoom… et écrit cet article!

Si j’ai beaucoup travaillé, j’ai aussi pris du temps pour moi. Je suis allée marcher sur la colline parlementaire et sur la rue Cartier. J’ai pris des photos et fait quelques croquis d’éléments architecturaux intéressants, juste pour le fun. Je suis allée nager à trois reprises dans la piscine de l’hôtel, totalement seule. J’ai commandé un repas gastronomique au restaurant le Louis Hébert, juste à côté. J’ai dormi tout mon content dans le gros lit king ultra-confortable. J’ai regardé un vieil épisode de Downton Abbey qui passait à la télé. J’ai poussé le cliché jusqu’à mariner dans l’immense bain à remous avec un masque facial et un masque capillaire… Bref, j’ai maximisé mon séjour en profitant des installations et des avantages de la localisation!

Jolies maisons victoriennes à proximité de l’hôtel. On dirait un conte de Dickens!

J’ai envie de conclure sur ceci : si vous êtes dans cette situation de travailleur autonome «envahi» qui a besoin d’une escapade momentanée hors du foyer, n’hésitez pas à demander un court séjour à l’hôtel en guise de cadeau de Noël. Vous y travaillerez et vous y reposerez encore mieux que si vous étiez partis 2 semaines dans le sud. Sérieusement, c’est tout simple et ça fait un bien fou!

Merci à l’Hôtel Château Laurier pour le chaleureux accueil, l’hébergement, les déjeuners et les petites attentions.

Devenir historien en 7 étapes (suite et fin)

Ou comment tirer son épingle du jeu dans un contexte chaotique

Dans la première partie de ce billet – qui a d’ailleurs suscité beaucoup de réactions et de commentaires, un grand merci! – je vous révélais mes trois premiers «commandements» de l’historien. Voici le reste de ma réflexion avec les quatre suivants. Je vous avise cependant que j’y vais «un peu raide» à certains moments, parce que c’est mon blogue et qu’il s’agit d’une tribune où j’estime pouvoir vous livrer le fond de ma pensée. Cela n’engage évidemment que moi. Voilà, vous êtes prévenus… Vous êtes prêts? Allons-y. 

4) De stratégie tu useras résolument pour faire ta place

Attaché à suivre les traces du passé, le nez dans ses archives, l’historien n’est PEUT-ÊTRE pas la «bibitte» la plus stratégique de l’univers. Eh oui. Ce n’est pourtant pas l’intelligence ou l’esprit critique qui lui fait défaut, bien au contraire… mais la formation en sciences historiques ne développe pas spécifiquement la «combattivité» indispensable pour s’imposer sur le marché du travail. Tandis que l’étudiant en droit, en sciences ou en marketing a souvent un plan de carrière, avec des stages et des emplois d’été dans son milieu, l’étudiant en histoire a un parcours beaucoup plus… hem… aléatoire.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible devenir un meilleur stratège. D’apprendre à «fourrer son nez» aux bons endroits pour rencontrer les bonnes personnes (revoir le «commandement» #2), trouver des mandats et décrocher des contrats. Et je vous rassure: être stratégique n’enlève rien à la «noblesse» de notre profession. Il s’agit ici de ne pas attendre passivement et, surtout, d’éviter de manquer de belles opportunités. Alors prenez le temps de vous projeter dans le futur. Où vous voyez-vous dans 6 mois? Dans 3 ans? Dans 9 ans? Quelles seraient les étapes pour y parvenir, en tenant compte de vos connaissances actuelles? Qui pourrait vous aider à atteindre vos objectifs?

cferland-3-cartesJe ne saurais trop vous recommander de vous faire faire des cartes d’affaires et d’en avoir toujours quelques-unes sur vous. Cela projette une image professionnelle et évite de devoir griffonner vos coordonnées sur un bout de papier! Si vous êtes actif dans plus d’un créneau, vous pouvez même avoir des cartes différentes pour refléter vos expertises. Par exemple, désireuse de bien distinguer mes secteurs d’activité, j’ai des cartes d’affaires à titre d’historienne gourmande, de biographe et de coach en communication… ce qui me permet de remettre ce qui convient à mes clients potentiels.

Mais attention: si on ne fait pas sa place en longeant les murs, ce n’est pas non plus en «tassant» les autres que vous laisserez la meilleure impression. C’est vrai en toutes circonstances, remarquez bien. Être stratège, c’est aussi comprendre qu’il est dans l’intérêt général de s’allier plutôt que de s’affronter. N’hésitez pas à recommander vos amis, à leur faire suivre des offres pertinentes. Soyez un joueur d’équipe: notre belle discipline ne s’en portera que mieux!

5) De travailler gratuitement tu refuseras absolument

Bon, il est temps de se dire «les vraies affaires». Un historien est (souhaitons-le) passionné par son travail, mais cette passion ne signifie pas pour autant qu’il travaillera gratuitement. Comptez-vous sur la «passion» de votre comptable pour qu’il fasse votre rapport d’impôts sans se faire payer? Sur la «passion» de votre plombier pour réparer votre évier sans facturer ses honoraires? Ou sur la «passion» de votre dentiste pour repartir de son cabinet sans sortir votre carte de crédit? Certaines personnes semblent pourtant croire que les historiens, eux, peuvent et doivent accepter de travailler pour rien! C’est connu, l’histoire rend scandaleusement riche! 😉

Il y a lieu de définir ce que j’entends par «gratuité». Gratuit, c’est sans cachet ou rémunération, mais aussi sans attrait professionnel ou personnel. Rien pantoute. Si j’estime qu’une activité réalisée bénévolement m’apporte quand même quelque chose (au plan de la reconnaissance, de la renommée, de la philanthropie, etc.), bref que j’y trouve mon compte, il se peut que je décide d’accepter. Et s’il y a une compensation raisonnable, la prise en charge de mes frais de déplacement, de repas ou d’hébergement, bref que je sens que mon interlocuteur fait des efforts sincères pour bénéficier de mes services, ça pèsera aussi dans la balance. Mais en bout de ligne, c’est ma décision et je l’assumerai.

Oui, c’est VOTRE décision: ne laissez personne vous imposer sa vision à coups de «Ça va te faire de l’expérience». Surtout si vous en êtes à une étape de votre carrière où vous avez déjà l’expérience voulue pour gagner votre vie! Usez de  jugement.

Sans compter un effet pernicieux: si vous acceptez trop souvent de travailler en-deçà de votre valeur, les gens finiront par penser que vous valez effectivement moins. Vous connaissez sans doute la propension des gens à accorder plus de respect et de considération à ce qui coûte plus cher… Eh bien c’est la même chose lorsqu’on est historien autonome. Il faut doser, c’est tout.

Laissez-moi vous raconter une petite anecdote. Il y a quelques mois, «on» m’a proposé de faire une conférence historique d’une heure dans le cadre d’un événement. «On» me demandait d’y prendre part à titre gracieux, expliquant que l’organisme était sans but lucratif (ce que je peux comprendre) mais en ajoutant – et c’est ce qui m’a piquée au vif – que l’on comptait «sur la passion pour l’histoire qui anime nos conférenciers» pour accepter de… faire plusieurs heures d’auto et aller carrément travailler à mes propres frais! J’ÉTAIS SUPER FRUE car, comme je lui ai répondu aussitôt, «cet argument est inacceptable et irrespectueux envers les historiens puisqu’il dévalue la nature, le sérieux et l’ampleur de notre travail.» Cibole!!! Si vous souhaitez lire l’histoire complète avec ses détails plus «crunchy», c’est ici.

6) Un meilleur communicateur tu t’efforceras de devenir

cferland-presentation-vintageLa communication, aujourd’hui, c’est le nerf de la guerre. Même pour quelqu’un qui préfère la compagnie des livres et des archives, la prise de parole en public (ou dans l’espace public, numérique compris) est INÉVITABLE. Pour se démarquer en histoire, savoir s’exprimer clairement et avec passion est une aptitude extrêmement précieuse. Là, vous avez envie de me dire «Ouais, c’est facile à dire, ça, Catherine: tu as ça dans le sang!» Eh bien, apprenez ici mon terrible secret: je suis foncièrement introvertie, solitaire et même plutôt timide. C’est un aspect sur lequel j’ai beaucoup, beaucoup travaillé depuis toute ma vie 15 ans. Jeune, j’étais terrorisée par les exposés oraux. Si vous m’aviez entendue lors de mes premières conférences ou lors de mes premiers passages à la radio… ouf!

J’ai lu d’innombrables ouvrages sur la communication pour mieux comprendre les dimensions théoriques. Réflexe d’historienne! Puis, il a bien fallu me «mouiller» : j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai fait des communications dans des colloques, des conférences publiques, des interventions sur diverses tribunes. Parfois, on venait me chercher, alors qu’à d’autres moments, c’est moi qui ai pris l’initiative de me présenter afin d’acquérir de l’expérience. Je puis maintenant dire que je suis parfaitement à l’aise lorsque je prends la parole en public, aussi bien face à un micro de radio qu’en mini-colloque avec 12 personnes ou devant une salle de 200 personnes.

Pendant que j’ai votre attention, j’en profite vous informer qu’avec mon amie – et ancienne étudiante! – Marie-Hélène Janvier, j’ai fondé une compagnie, Académie Odyssée, afin d’offrir de la formation en communication aux étudiants et jeunes chercheurs en sciences humaines. Je veux enseigner mes meilleurs trucs, durement acquis au fil de mon expérience personnelle, pour permettre à d’autres de développer leur potentiel oratoire. Fin de l’infopub! 😉

Malgré tout le chemin parcouru, je dois encore travailler ce que j’appelle mes micro-interactions: vous savez, quand on arrive dans une salle où l’on ne connaît personne et qu’il faut aller se présenter. Il m’arrive encore souvent de «figer» ou d’éprouver une grande timidité, une sorte de syndrome de l’imposteur… Il y a encore place à amélioration et c’est mon défi personnel pour les prochains mois.

7) Au perfectionnement et à la «recherche et développement» tu consacreras du temps

cferland-perfectionnementQuand on est pris dans le quotidien, avec tous les «il faut» et une liste de choses à faire qui s’allonge sans cesse quoi que l’on fasse, il peut être difficile de dégager du temps pour prospecter l’avenir. Pourtant, il est essentiel de le faire et d’aller au-devant, au lieu d’attendre passivement que les choses viennent à soi… il s’agit de mettre en œuvre sa propre stratégie de développement professionnel (revoir le point #4). Pour l’historien, ça peut vouloir dire, concrètement:

  • rédiger le plan d’un prochain article ;
  • prendre position dans un débat (j’inclus ici les médias sociaux) ;
  • communiquer avec une société d’histoire pour proposer une conférence ;
  • suivre une formation d’appoint pour se perfectionner (en médias sociaux, en informatique, en français, en communication, etc.) ;
  • contacter un organisme pour offrir ses services de consultant ;
  • envoyer une proposition de communication ;
  • consacrer quelques heures pour maîtriser une nouvelle application ou un outil (voyez ici ce que j’ai réussi à faire en 2 h sur la plateforme wideo!);
  • écrire à un collègue pour établir une collaboration ;
  • se former en marketing et réseautage ;
  • se tenir informé des actualités du domaine et des domaines connexes ;
  • et tutti quanti.

Cela ne s’arrête jamais, surtout si vous devenez, comme moi, un historien-entrepreneur. Mais c’est aussi une manière extraordinaire de ne pas «s’encroûter» – rien de plus navrant qu’un historien qui ressasse les mêmes sujets pendant des années et des années!

Et j’ai envie de vous apprendre une belle nouvelle. Par un joli retour des choses, j’aurai prochainement l’occasion de «donner au suivant» en devenant MENTOR. Eh oui! le programme de mentorat de l’Université Laval a réussi à me convaincre de prendre des étudiants sous mon aile à compter de l’automne prochain. Ça me remplit de joie! J’ai l’impression que ce sera une expérience très enrichissante et formative pour moi également.

*

Voilà, voilà, ça y est: j’en ai fini avec mes «7 commandements» de l’historien.

La profession d’historien est, comme toutes les professions, jalonnée de défis. La principale difficulté réside, je crois, dans le manque de modèles hors de la sphère universitaire. Il faut donc se montrer créatif. Certaines personnes trouveront leur place dans ce bel écosystème tandis que d’autres préféreront s’engager dans une voie différente. Je respecte cela. Je veux simplement vous dire que oui, c’est possible de se construire une carrière sur mesure en tant qu’historienne ou historien. S’il n’y a pas de recette unique, j’ai voulu vous dévoiler ici mes réflexions et mes meilleurs trucs pour vous y aider. J’espère sincèrement que cela vous sera utile! 🙂 Laissez-moi vos commentaires.

Bises.

Catherine

Catherine Ferland est historienne, auteure et conférencière. Depuis 15 ans, ses thématiques de prédilection – histoire de l’alimentation, des boissons alcooliques, des petits produits «plaisir» et de la culture en général – lui donnent la chance de participer régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de l’amener à faire des conférences aux quatre coins du Québec.

Revêtir la Nouvelle-France

1760-1775 copieÀ Québec, on se prépare pour les Fêtes de la Nouvelle-France qui auront lieu cette année du 6 au 10 août 2014. Même si je n’aurai sans doute pas le temps de me concocter un costume (je suis DÉ-BOR-DÉE ces temps-ci! mais que du bonheur, alors on ne râlera pas…) j’ai pensé vous partager quelques feuillets numérisés d’un livre très inspirant de Rodolphe Vincent, Notre costume civil et religieux (Montréal, Centre de psychologie et de pédagogie, c. 1965).

On trouvera ci-bas des idées intéressantes pour réaliser des costumes de paysans, de bourgeois, de nobles et de membres de communautés religieuses. C’est très centré sur la civilisation occidentale, alors il n’y a malheureusement rien relativement aux Amérindiens, aux traiteurs ou aux voyageurs, bref aux populations en marge des villes et villages bien «français» de la vallée du Saint-Laurent. Il est à noter que les illustrations ont été réalisées en s’inspirant de gravures, peintures et autres images de ces époques, ce qui leur confère une intéressante authenticité. On est à même de constater que le costume évolue assez rapidement dans ces années-là, certes pas aussi vite qu’aux XIXe et XXe siècles, mais quand même.

Détail amusant: je possède ce livre depuis que je suis enfant. Vous verrez d’ailleurs que mes images favorites sont marquées d’un petit cercle bleu ; il faut croire que l’habitude d’annoter mes bouquins a des racines lointaines! Et tant qu’à pousser la confession, je peux d’ailleurs affirmer que c’est l’un des premiers livres qui m’a donné le goût de l’histoire en me permettant d’apprécier de manière très visuelle la notion de «temps qui passe»… et ainsi piquer la curiosité historienne de la petite fille de 8-9 ans que j’étais alors!

Bonnes découvertes!

 

Les débuts: années 1605-1659

1605-1625

1625-1650

1650-1659

La consolidation de la colonie: 1659-1730

1659-1675

1675-1690

1690-1730

La fin de la colonie: 1730-1775

1730-1760

1760-1775

Des détails vestimentaires intéressants

détails régime français 1

détails régime français 2

Comme vous avez pu le voir, la «mode» était loin d’être immobile. Il y a évidemment des éléments du costume qui changent moins rapidement que d’autres, des détails qui perdurent pendant plusieurs décennies, mais la «ligne» évolue.

ligne du temps 1 copie

Outre les Fêtes de la Nouvelle-France, il y a quelques festivals ou occasions – l’Halloween, même – où un costume issu de notre passé peut s’avérer chouette. Alors bonne confection, si vous voulez aller dans cette voie!

Catherine

P.S. À tout seigneur, tout honneur: voici la couverture du livre dont ces pages ont été extraites:

couverture livre