La Poutine Week 2016 à Québec (partie 1)

Variations sur le thème des patates, de la sauce brune et du fromage

(Au fait, si vous atterrissez sur mon blogue pour la première fois, bienvenue à vous! Consultez cette page pour savoir qui je suis!)
Poutine du resto la Table, 2016. Photo: Dominic Champagne

Poutine du resto la Table, 2016. Photo: Dominic Champagne

Alors que nous sortons à peine de la période des Fêtes – et de ses innombrables repas et rencontres de famille où l’on mange systématiquement trop – je me suis retrouvée avec un épineux problème…

Voilà : l’organisation de la Poutine Week de Québec, qui aura lieu du 1er au 7 février 2016, m’a invitée à tester autant de poutines que je le désirais en pré-dégustation. La liste en comptait 63. Soixante-trois, oui. Wow! Une telle entreprise étant peu compatible avec ma volonté de «faire attention» à ma santé, j’ai décidé de me constituer une équipe de collaborateurs-goûteurs enthousiastes afin de couvrir le plus grand nombre possible de restaurants participants!

(Pour moi qui suis collaboratrice resto pour Le Devoir, gérer les critiques réalisées par des collaborateurs représente d’ailleurs un très agréable changement! 😀 )

J’aurai donc le plaisir de vous présenter une quarantaine de poutines réparties en cinq parcours, soit:

#1. Vieux-Port–Saint-Roch

#2. Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge

#3. Montcalm–rue Saint-Jean

#4. Lebourgneuf–Limoilou

#5. Grande Allée–Quartier Petit Champlain

~ Vous pourrez ainsi faire un choix éclairé lors de la Poutine Week! Youppi! ~

*

Mais avant de plonger la fourchette, voici un petit topo – OH QUE OUI, vous n’y échapperez pas! – sur l’histoire de la poutine. Puisque vous salivez déjà, je serai magnanime : je promets de faire ça vite.

Et pour vous mettre dans l’ambiance, je vous invite à écouter la désopilante pièce Hommage en grain du groupe québécois Mes Aïeux (album «En famille», Disques Victoire, 2004). La ritournelle risque de vous coller aux tympans. Soyez prévenus.

(Très, très brève) histoire de la poutine

Patates, sauce brune et fromage, c’est engraissant, quel dommage !
Patates, sauce brune et fromage, une part de notre héritage…
– Mes Aïeux, Hommage en grains, 2004

Je pourrais bien sûr étirer la sauce (ah ah ah), mais il se trouve qu’on peut facilement résumer la mythique création de la poutine en six points:

  1. Il y a environ 9000 ans, la pomme de terre apparaît en Amérique du Sud.
  2. Il y a environ 8000 ans, le fromage est «inventé» – accidentellement – à l’autre bout du monde, quelque part au Proche-Orient.
  3. Un beau jour (il doit y avoir autour de 3500 ou 4000 ans, qui pourrait le dire?), quelqu’un décide d’épaissir un bouillon de viande avec un peu de farine grillée puis de réduire le tout. La sauce demi-glace est née.
  4. Introduite en Europe suite aux grandes explorations du XVIe siècle, la pomme de terre y est adoptée dans certaines régions. On commence à la cuisiner de diverses manières, notamment en friture.
  5. Grâce aux avancées de la modernité, un inventeur parvient, dans les années 1830, à créer une version en poudre, transportable et pratique, de la sauce brune.
  6. Vers la fin des années 1950, à quelque part au Québec dans la région des Bois-Francs*, quelqu’un a l’idée de génie de combiner les patates, la sauce brune et le fromage frais en grains, aussi affectueusement appelé «fromage chouik-chouik», créant ainsi la POUTINE.

cferland-idee-genie* Non, je ne me prononcerai pas sur ce brûlant sujet géopolitique qu’est le réel berceau de la poutine. J’ai des amis qui proviennent des villes «pressenties», voyez-vous, et je tiens à les conserver! 😉

À vos fourchettes!

Je vous avais promis que l’historique serait bref! Prêts? Allons-y! C’est par ici:

*

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire de l’alcool et de la gastronomie et, plus largement, d’histoire culturelle du Québec. Elle effectue des chroniques à la radio et à télé, en plus de faire des conférences et animations gourmandes aux quatre coins du Québec. Parmi ses ouvrages, mentionnons Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France (Septentrion, 2010) et La Corriveau, de l’histoire à la légende (Septentrion, 2014). Elle signe des critiques culinaires au journal Le Devoir et blogue au catherineferlandhistorienne.com.

Le champagne, Veuve Clicquot et nous

160 ans de présence de la célèbre maison champenoise au Québec

(Il s’agit de la version plus longue et étoffée d’un article préparé pour Le Devoir)
Photo: Catherine Ferland

Photo: Catherine Ferland

Voltaire affirmait que «la mousse pressée et l’écume pétillante» du champagne évoquaient l’image des Français. Boisson emblématique de l’impétueux siècle des Lumières, ce vin effervescent et joyeux est lié à la célébration, comme chacun le sait.

Ce qui est moins connu, c’est que Veuve Clicquot Ponsardin a été la première maison à expédier régulièrement des caisses de champagne au Québec dès 1855! Ces célèbres bouteilles sont, par conséquent, complices des meilleures tables d’ici depuis 160 ans.

Veuve Clicquot Canada a tenu à souligner avec panache ce vénérable anniversaire. Le 3 novembre, une cinquantaine d’invités prestigieux, gens d’affaires et membres de la presse gastronomique ont été conviés au Fairmont Le Château Frontenac.

La vie de château

Danse au Château Saint-Louis, 1801. BAC, 1989-472-1.

Danse au Château Saint-Louis, 1801. BAC, 1989-472-1.

Le choix du lieu n’était pas anodin. Bien campé sur le Cap Diamant, il s’agit du site même où s’érigeait autrefois le château Saint-Louis, centre du pouvoir et résidence des gouverneurs pendant plus de 200 ans. Depuis 1892, le Château Frontenac prolonge et confirme le prestige de ce site.

Si l’on tend l’oreille, peut-être entendra-t-on les échos des soirées réunissant toute la meilleure société. Ce brillant foyer de la vie sociale et culturelle était en effet le théâtre de plantureux repas, banquets et réceptions de toutes sortes… où le champagne présidait immanquablement!

Tiens: avant de parler de la splendide soirée donnée le 3 novembre 2015, une petite excursion dans le temps s’impose. Vous ne le regretterez pas, foi d’historienne! 🙂

Le champagne, de France à Nouvelle-France

Verre à pied. Photo : Marc-André Grenier/MCC/LRAQ.

Verre à pied. Photo : Marc-André Grenier/MCC/LRAQ.

Pendant les premières décennies de commercialisation du champagne, les bouteilles étaient trop fragiles pour voyager. On ne pouvait donc les déplacer en grande quantité ni sur de grandes distances. Or, le développement de bouteilles plus solides finit par rendre possible l’exportation de vin effervescent. l’arrêt du 25 mai 1728, Louis XV autorise le transport du champagne en paniers de 50 à 100 bouteilles. Cette décision royale ouvre toutes grandes les portes à ce vin fougueux.

On retrouvera donc du champagne à des centaines de kilomètres de la Champagne… et jusqu’en Nouvelle-France. Il faut dire que nos aristocrates locaux tentent le mieux possible de calquer le mode de vie de la Cour de Versailles, affichant entre autres des manières de table raffinées. Lorsque, après 6 à 8 semaines de transport par bateau, les précieux flacons arrivent au port de Québec, ils trouvent aussitôt preneurs. Et ce, même si le champagne vaut trois fois plus cher que le vin «ordinaire» et deux fois plus cher que meilleurs crus de Frontignan ou de Graves! Les maisons champenoises commerçant avec le Canada ne sont malheureusement pas connues.

Le déjeuner d'huîtres (1735).

Le déjeuner d’huîtres (1735).

À défaut d’une œuvre illustrant nos nobles buveurs de la Nouvelle-France, ce détail du tableau Le déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy (1735) montre bien la dimension élitiste et festive du champagne. Il s’agit d’ailleurs de la première figuration du champagne dans l’iconographie du 18e siècle!

Le retour des bulles

Si le champagne est présent par intermittence vers du Régime français, il se raréfie après la Conquête. En effet, aux difficultés inhérentes au transport transatlantique s’ajoutent d’importantes contraintes commerciales : la France, nation ennemie de la Grande-Bretagne, n’est pas la bienvenue dans la vallée du Saint-Laurent. Hormis quelques initiatives personnelles, les échanges entre le Canada et son ancienne mère-patrie sont presque inexistants.

cferland-menu-bal-belveze-1855Les choses sont appelées à changer au milieu du XIXe siècle, pour deux raisons.

Tout d’abord, en 1849, le gouvernement britannique abolit les lois interdisant aux navires étrangers de naviguer en eaux canadiennes. Ensuite, en 1855, en pleine guerre de Crimée, Français et Britanniques font alliance contre les Russes.

Ce rapprochement favorise la reprise des relations diplomatiques et commerciales avec la France, symbolisées par la venue de la corvette française La Capricieuse, accueillie en grande pompe dans la vallée du Saint-Laurent à l’été 1855. Du champagne de la maison Ruinart est d’ailleurs servi à cette occasion, comme nous l’apprend le menu du bal offert en l’honneur du capitaine Belvèze.

Veuve Clicquot et le Canada

Photo: Catherine Ferland

Photo: Catherine Ferland

Jointe aux nouvelles possibilités amenées par l’industrialisation (songeons simplement aux bateaux à vapeur et aux chemins de fer!), l’ouverture du marché canadien profite aux négociants français les plus hardis, dont madame Clicquot.

Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin, dite Veuve Clicquot (1777-1866), est une personne d’affaires avisée et visionnaire. Dans une lettre datée du 24 février 1855, madame Clicquot explique être « toute disposée à expédier, à titre d’essai » ses meilleurs champagnes au Canada, afin de «propager la réputation de ma marque dans vos contrées. » Dans les mois qui suivent, 25 caisses de Veuve Clicquot Ponsardin sont envoyées à Québec, et tout autant pour Montréal.

L’élite canadienne, aussi bien d’ascendance française que britannique, raffole de ce vin de fête. Les bouteilles de Veuve Clicquot sont de tous les repas gastronomiques, aux côtés du homard, des huîtres, des pintades et autres mets raffinés.

Bien sec, s’il-vous-plaît

cferland-clicquot-carton-jaune-brutFait intéressant, on connaît les préférences des Canadiens en matière de champagne… grâce à madame Clicquot elle-même! Dans sa correspondance d’affaires, cette dame avisée n’hésitait pas à s’enquérir des goûts locaux : « êtes-vous convaincu qu’il est essentiel qu’un vin soit sec et corsé pour réussir chez vous? » demandait-elle sans détour à l’un de ses agents au Canada.

C’est ainsi que, dans les années 1870, on trouvera ici du Veuve Clicquot doux et du Veuve Clicquot brut!

Vin de prestige

Doux ou sec, le champagne est toujours présent aux meilleures tables du Canada. Il est aussi omniprésent lors des visites de la famille royale. Ainsi, c’est du Veuve Clicquot 1928 qui sera servi à l’occasion de la visite officielle au Canada du roi George VI et de son épouse en 1939. Et en 1951, lors du premier voyage officiel au Canada de la princesse Elizabeth (future souveraine) et de son époux, le choix se porte encore vers la célèbre maison champenoise pour désaltérer agréablement Leurs Majestés… au Château Frontenac!

Un pétillant programme

Photo: Karel Chladek pour Veuve Clicquot

Photo: Karel Chladek pour Veuve Clicquot

Le 3 novembre dernier, afin de refléter cette belle histoire, une partie du groupe des invités de Veuve Clicquot Canada a quitté Montréal à bord d’un wagon prestigieux de Via Rail pour se rendre à Québec. Après une petite promenade à pied dans les rues du Vieux-Québec, ces invités ont emprunté le funiculaire pour atteindre la terrasse Dufferin, juste aux pieds du Fairmont Le Château Frontenac.

Du champagne et un goûter ont été offerts dans la verrière donnant sur le fleuve, moment au cours duquel j’ai eu l’honneur de donner une miniconférence sur l’histoire du champagne au Québec. Vous retrouvez d’ailleurs l’essentiel de mes propos ici, dans le présent billet! 😉

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Photo: Karel Chladek pour Veuve Clicquot

Dès 18h30, c’est en présence de personnalités québécoises et notamment de femmes d’affaires prestigieuses – citons mesdames Lise Watier et Charline Ratté – que le cocktail au Veuve Clicquot Rosé a été servi au Salon Rose du Fairmont Le Château Frontenac. J’ai eu la chance de discuter assez longuement avec monsieur Dominique Demarville, chef de cave de la maison Veuve Clicquot.

Le groupe s’est ensuite rendu dans le Cellier afin d’y déguster un repas gastronomique inspiré de celui offert à la reine Elisabeth lors de sa visite au Québec en 1959… arrosé de quatre vins de la maison Veuve Clicquot Ponsardin: le rosé, le blanc millésimé 2004, le brut carte jaune et le demi-sec. Des «tableaux» musicaux – Technopéra, de Bellita Productions – ponctuaient les services avec raffinement et originalité.

J’ai eu le vif plaisir de faire la connaissance de madame Fabienne Moreau, historienne chez Veuve Clicquot, et aussi de rencontrer plusieurs personnalités influentes de la scène culturelle, gastronomique et numérique, telles que Carrie MacPherson, Héloïse Leclerc, Camille Dg, Marie-Claude Di Lillo, Lolitta Dandoy… sans oublier l’ineffable Allison Van Rassel, foodie à la barre de Ça goûte bon! 😀

*

*

Madame Clicquot aura été une figure d’entrepreneuriat féminin hors du commun, dépassant largement les frontières de la Champagne, de la France et de l’Europe à une époque où les possibilités offertes aux femmes connaissaient plutôt une régression. Quand on y songe, c’est un joli retour des choses pour ce vin qu’on a toujours considéré comme si bien approprié aux femmes. Après tout, comme l’aurait affirmé la marquise de Pompadour, le champagne est «le seul vin qui conserve la beauté d’une femme»!

Bises.

Catherine

Historienne, auteure et conférencière, Catherine Ferland est spécialiste d’histoire de l’alcool et de la gastronomie et, plus largement, d’histoire culturelle du Québec. Elle participe régulièrement à des émissions de radio et de télé, en plus de faire des conférences aux quatre coins du Québec. Parmi ses ouvrages, mentionnons Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France (Septentrion, 2010) et La Corriveau, de l’histoire à la légende (Septentrion, 2014), gagnant du Prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2015 et finaliste aux Prix littéraires du gouverneur général 2014 ainsi qu’au Prix Jean-Éthier-Blais 2015.  Elle blogue au catherineferlandhistorienne.com et signe des critiques culinaires au journal Le Devoir depuis 2012.

Le vin chaud : plaisir épicé avec un zeste d’histoire

vin-chaud-cferlandLe vin chaud est généralement préparé avec une base de vin rouge à laquelle on ajoute des ingrédients sucrés, des fruits – surtout des agrumes – et des épices, dont l’incontournable cannelle, que l’on met à chauffer. On peut aussi le préparer en partie avec du jus de fruits. Afin de réussir sa macération, il faut compter une bonne heure à feu doux. À retenir : la préparation doit frémir mais ne jamais bouillir. Il est possible de préparer le vin chaud la veille… mais plus la cuisson est longue, plus le degré d’alcool diminue.

Consommé avec modération, le vin chaud permettrait d’éloigner le rhume… enfin, c’est ce qu’on dit! 🙂

 

Un zeste d’histoire

gravure-vin-cferlandIl y a plusieurs milliers d’années que l’on connaît les boissons de ce type. Les vins épicés étaient déjà appréciés à l’époque romaine! Le miel était l’un des ingrédients prépondérants avec, bien sûr, le vin : on y ajoutait des épices, des noix et des dattes. Avec l’extension de l’empire romain, les vins épicés seront popularisés un peu partout en Europe. Des variantes médiévales, très sucrées et comportant plusieurs épices comme le clou de girofle et la cannelle, porteront le nom d’hypocras. À la faveur des grandes explorations, de nouveaux aromates comme la cardamome ainsi que les agrumes viendront accroître les possibilités de mélanges.

Les épices et autres ajouts permettent au liquide de se conserver beaucoup plus longtemps sans s’oxyder et lui confèrent aussi beaucoup de valeur. Le vin épicé est consommé lors des repas et des banquets car il facilite, croit-on, la digestion. On l’offre aussi en cadeau. D’illustres personnages l’apprécient beaucoup : c’est le cas du roi de France Louis XIV!

L’usage de servir chaud le vin épicé, surtout pendant les froides journées d’hiver, provient du nord de l’Europe. Cette pratique y est encore très populaire. Le glühwein, comme on l’appelle dans les pays germaniques, est servi entre autres pendant les marchés de Noël allemands, alsaciens et autrichiens. Il est parfois servi dans des pots marqués de la date du marché de Noël où le vin chaud a été vendu. Les clients peuvent décider de le conserver ou alors le rapporter contre une consigne.

pont-glace-buvette-cferlandAu Québec, il y a longtemps que les boissons à base de vin rouge épicé sont appréciées. À l’époque de la Nouvelle-France, les habitants aimaient boire du rossoli, une eau-de-vie de vin (brandy) aromatisée aux épices et aux agrumes. Au fil du temps, le goût des Britanniques pour les divers punchs et grogs a contribué à maintenir cet intérêt. Vers 1850, les ponts de glace qui permettaient de traverser de la rive nord à la rive sud du Saint-Laurent, notamment devant la ville de Québec, étaient ponctuées de buvettes où l’on servait du vin chaud. Cette tradition s’est évidemment perdue avec l’apparition des brise-glace et des traversiers ainsi que la construction des ponts.

De nos jours, on consomme encore des boissons chaudes épicées en certaines occasions hivernales. Entre autres dans le temps du Carnaval, alors que l’on ressort nos vieilles recettes et, en les mettant au goût du jour, on élabore le célèbre caribou!

 

Recette de vin chaud épicé pour 8 personnes

Ingrédients liquides :

  • Un litre de vin rouge (par exemple pinot noir ou gamay, mais c’est vraiement au goût)
  • Un demi-litre de jus de petits fruits, sans sucre ajouté (canneberge, framboises, cassis, etc.)
  • Une tasse d’infusion (thé ou tisane) aux épices ou à la bergamote
  • Une demi-tasse de vin fortifié de type porto
  • Une demi-tasse d’alcool fort: rhum, cognac, brandy, sherry, voire Southern Comfort
  • Un quart de tasse de crème de cassis, de mûre ou de framboise

Ingrédients sucrés :

  • Un quart de tasse de sucre, sucre de canne roux ou cassonade
  • Deux cuillers à soupe de miel ou de sirop d’érable

Ingrédients fruités :

  • Une tasse de fruits en dés : citrons, oranges, clémentines, pommes (bien laver la pelure)
  • Un quart de tasse de raisins secs et/ou de figues hachées
  • Zeste de deux ou trois agrumes

Ingrédients épicés :

  • Deux bâtons de cannelle ou 1 c. à soupe de cannelle moulue
  • Deux ou trois clous de girofle
  • Un peu de muscade râpée
  • Une gousse de vanille (ou 1 c. à thé d’extrait de vanille)
  • Dix grains de poivre noir
  • Bonus, si vous aimez : une touche de cardamome, gingembre, citronnelle ou genièvre

Préparation

  • Quelques heures avant, faire macérer les dés de fruits (oranges, citrons, pommes, clémentines) dans un peu d’alcool (porto, rhum ou autre).
  • Dans une casserole ou à la mijoteuse, faire chauffer (sans le laisser bouillir!) le vin avec les ingrédients épicés (cannelle, poivre, vanille, etc.) pendant 30 à 120 minutes.
  • Filtrer à l’aide d’une passoire pour retirer les épices.
  • Ajouter les ingrédients sucrés, les fruits macérés, les zestes, le porto et la crème de cassis/mûre/framboise.
  • Refaire chauffer à feu doux pendant une vingtaine de minutes ou remettre à la mijoteuse au niveau le plus bas.

Service du vin chaud épicé

plateau-fromage-cferland

L’idéal est de servir le vin chaud épicé dans de petites tasses de verre ou de grès. On peut décorer, si on le désire, d’un bâton de cannelle et d’une rondelle d’agrume.

Si la saveur épicée est trop prononcée, il est possible de diluer le vin avec un peu d’eau ou de jus de pomme. Ou, pour les plus audacieux, d’alcool…

Au niveau des accords vins-mets, disons que le vin chaud épicé se déguste bien avec une tranche de gâteau aux fruits, une poignée de noix, un biscuit aux raisins secs ou des fromages au goût prononcé, par exemple un bon cheddar vieilli.

Le vin épicé peut se conserver jusqu’à une semaine au réfrigérateur. Il gagnera même en saveur! Il suffira de le faire réchauffer, toujours en évitant de bouillir.

*

À votre santé! Que cette période de réjouissances ainsi que la nouvelle année vous apportent bonheur, chaleur et prospérité!

Catherine

voeux-cferland

Fragments d’humanités numériques

Je suis totalement fascinée par la profonde transformation qu’on observe actuellement au plan des rapports humains. Il ne se passe guère une journée où je ne sois frappée par la formidable incursion du numérique dans nos interactions sociales, familiales, amoureuses, et aussi dans notre rapport au savoir, à la connaissance. Si certains dénoncent haut et fort le déclin des «vraies» relations au détriment de celles qui se nouent et s’entretiennent via le Web, je vois plutôt le numérique comme un vecteur d’enrichissement considérable. À condition – bien sûr et comme en toute chose – d’en tirer parti intelligemment.

Il me plaît parfois d’essayer d’imaginer à quoi aurait ressemblé mon adolescence si j’avais vu le jour en 1998. Plutôt que de rêver d’un scooter pour mes 16 ans, j’aurais réclamé un iPhone 5. Au lieu de ces innombrables petits messages pliés qui circulaient en classe et lors des récréations (salut, Véro!) j’aurais reçu des textos plusieurs fois par heure sur ledit iPhone 5. J’aurais possiblement fréquenté Wikipedia plutôt que la bibliothèque municipale. Et ce garçon trop timide pour m’aborder aurait peut-être osé manifester son intérêt sur le «Spotted» de mon école polyvalente. Les temps ont bien changé. Et vite, à part de ça.

#quesontlesrelationsdevenues

11tabl-maitre-technoMe voici plutôt, la trentaine bien sonnée, totalement accro aux médias sociaux, connectée à 310 amis Facebook et abonnée à je ne sais combien de pages, raffolant de ces possibilités offertes par le numérique et impatiente de voir ce que demain nous apportera. Je gère même quelques communautés, deux sites Web, une chaîne Youtube…

Mais revenons à l’aspect relationnel. J’apprécie tout particulièrement deux choses typiques de notre époque. D’une part, le Web me permet de savoir ce que devient une amie établie dans une autre région – allô Annie! – et dont, autrement, je n’aurais que peu ou pas de nouvelles. Qui envoie encore des lettres et cartes postales de papier, maintenant? Ça permet un «suivi», donc, d’une relation ou d’un intérêt qui existe en-dehors du numérique. D’autre part, le Web me donne l’occasion de faire la connaissance de gens ou de groupes qui autrement me seraient restés étrangers. Des blogueurs – dont l’identité ne se résume évidemment pas au fait qu’ils tiennent un blogue! 😉 – et des «amis des amis», par exemple, mais aussi des communautés d’intérêt.

Et parfois, j’ai le plaisir de rencontrer en personne quelqu’un que je ne connaissais que par le Web – coucou Caroline! La boucle est alors bouclée.

ParadHOAX?

Et, pourtant, pas l’ombre d’un iPhone 5 (ni même d’un 4, 3, 2 ou 1!) dans mon sac à main. Paradoxal, pour une geekette comme moi? Peut-être un peu. Si mon ordinateur n’est pas ouvert, mon existence numérique est temporairement suspendue. Mais voyez-vous, cela s’avère le plus souvent une bonne chose…

J’aime le fait de pouvoir ainsi «disparaître» quelques heures, voire quelques jours. Ça m’oblige à renoncer à l’envie de tout voir, à balancer par-dessus bord la peur de manquer une nouvelle, une publication, une occasion de «J’aimer» ou de @Retwitter. Angoisse postmoderne!

C’est vrai, quoi. Il est facile de devenir un peu compulsif et d’aller «voir son Facebook ou son Twitter» aux 5 minutes… Est-ce que c’est votre cas, à vous aussi? J’apprécie – plus encore, je cultive comme un bien précieux – la liberté de m’évaporer de cette noosphère numérique comme bon me semble, pour y revenir quand je suis prête. Même si cela passe par la non-possession d’un téléphone intelligent. Peut-être suis-je une sorte d’anomalie, un hoax, une espèce en voie d’extinction. Ou, tout simplement, une personne avec ses propres contradictions, comme tout le monde.

Humanité 3.0

noosphere-earth_gridÊtre ainsi connectée à une multitude d’autres êtres fait-il de moi une meilleure personne? J’ose croire que cette caractéristique est une extension de ma propre personnalité, tout simplement. Ça me permet d’exprimer ma sollicitude à l’ami qui ne «file pas» (je l’aurais ignoré s’il ne l’avait pas manifesté dans son statut Facebook) ou de manifester mon soutien à cette autre amie qui reprend sa vie en main. Ça me permet aussi de réagir à des idées et d’apprendre à exprimer clairement ma pensée dans des conversations virtuelles. Ça me permet d’aiguiser mon esprit critique en choisissant ce que je veux retwitter ou partager aux gens qui me suivent sur les médias sociaux.

Et de me retirer, parfois, comme on se retire d’une soirée lorsque l’on est fatigué.

J’ai déjà entendu (ou lu?) quelque part que Internet est comme un gros buffet et qu’il faut apprendre à «consommer» avec discernement, sinon on risque de se perdre un peu dans cette abondance. Il faut apprendre à se respecter tout en respectant les autres. Nouveaux codes, nouvelle éthique. Du @ au #. Une nouvelle forme de civilité, quoi – bonjour Laurent!

*

Au final, je suis certainement mieux informée et «réseautée» que je n’aurais pu l’être avant (avant Internet, s’entend), ce qui peut s’avérer très intéressant dans mon domaine… mais qui est aussi, tout simplement, formidablement enrichissant pour un être humain du nouveau millénaire. J’assume mon humanité numérique. Et vous?

Boissons et compagnie…

Wow. Une «saison» de conférences qui démarre sur les chapeaux de roues. Pour moi qui ai le plaisir d’aller jaser de boissons et autres thématiques festives depuis maintenant 15 ans, c’est toujours agréable de constater qu’un public renouvelé est au rendez-vous.

Vous me pardonnerez le ton «autopromo» de ce billet, mais une fois n’est pas coutume… Et dans la mesure où j’envisage sérieusement de devenir auteure et conférencière à temps plein, je dois m’assumer! 🙂

Alors allons-y. L’une de mes prochaines interventions – ou plus exactement, quatre interventions – sera dans le cadre de l’événement Bordeaux Fête le vin à Québec, où j’aurai l’honneur de présenter une conférence intitulée «Les Bordeaux: une longue histoire de cœur avec Québec» les 29, 30 et 31 août ainsi que le 1er septembre 2013 à 14h, sur la scène principale du site, à Espace 400e (Vieux-Port de Québec).

Conférence Bordeaux Fête le vin à Québec Chouette, n’est-ce pas?! C’est un cadre de rêve pour aller jaser de cette thématique, l’ALCOOL, qui suscite encore et encore l’intérêt du grand public. Le Québec est gourmand, épicurien, curieux. J’adore.

Il y aura aussi le cycle de conférences en lien avec Marie-Josephte Corriveau, dite La Corriveau. C’est déjà commencé: près d’une centaine de personnes se sont déplacées la semaine dernière à Saint-Vallier de Bellechasse pour entendre parler de son histoire et de sa légende! Pour les intéressés, sachez que la prochaine intervention publique concernant notre célèbre encagée aura lieu au Musée de la civilisation à Québec pendant les Fêtes de la Nouvelle-France.

*

Devenir spécialiste d’un thème historique précis, ça demande beaucoup de travail. Je n’oserais dire de «sacrifices» car, il faut l’admettre, je m’amuse véritablement en faisant mes recherches, en préparant mes conférences, en rédigeant mes articles et mes bouquins, et surtout en discutant avec vous. Mais c’est un travail constant où la persévérance est de mise. Mes efforts des dernières années commencent à porter fruit. Comme un vin qui, patiemment, aurait gagné en corps et en notes aromatiques au fil du temps.

Tenez, prenez un verre. À votre santé!

Catherine